Washington (awp/afp) - Les prix n'en finissent plus de grimper aux Etats-Unis, où l'inflation a atteint un nouveau plus haut en mars, premier mois pleinement touché par les répercussions de la guerre en Ukraine, sur l'énergie notamment, une épine dans le pied de Joe Biden.

L'inflation a atteint en mars son plus haut niveau depuis décembre 1981. Les prix ont augmenté de 8,5% par rapport à mars 2021, contre 7,9% en février sur un an également, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié mardi par le département du Travail.

Le mois de mars est le premier à intégrer entièrement l'effet de la guerre en Ukraine, qui avait débuté dans les tout derniers jours du mois de février.

"Il ne fait aucun doute" que la hausse des prix de l'énergie est "liée à la Russie et à la guerre", a commenté le conseiller économique de la Maison Blanche, Brian Deese, sur la chaîne CNBC.

Une réponse directe à l'opposition républicaine, qui reproche au président sa politique inflationniste.

"Ces prix élevés frappent les gens au portefeuille et créent de l'incertitude, c'est pourquoi nous devons faire tout ce que nous pouvons pour (les) faire baisser", a-t-il ajouté.

La Maison Blanche avait pris les devants lundi, avertissant que l'inflation serait "extraordinairement élevée", et a annoncé mardi une série d'initiatives visant à augmenter l'utilisation et la production de biocarburant, dans l'espoir de faire baisser les prix à la pompe.

Car après avoir déjà annoncé des prélèvements historiques dans les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis, le président Joe Biden se retrouve à court de levier pour enrayer ce que la Maison Blanche appelle invariablement "l'effet Poutine" sur l'inflation, dans une tentative jusqu'ici peu fructueuse d'atténuer le coût politique pour le démocrate.

Le président américain, qui fera face en novembre à des élections législatives difficiles, se rend mardi sur un site de fabrication de biocarburant dans l'Iowa, Etat rural du Midwest considéré comme hautement stratégique sur le plan politique, et qui avait majoritairement voté pour le républicain Donald Trump en 2020.

Les voitures d'occasion moins chères

Entre février et mars, l'inflation s'accélère également, à 1,2%, contre 0,8% entre janvier et février. Les seuls prix de l'essence ont flambé de 18,3% par rapport au mois dernier, et représentent plus de la moitié de ce bond, venant s'ajouter aux pénuries de biens et de main d'oeuvre.

Les prix du logement et de l'alimentation participent également à cette hausse, précise le département du Travail.

Une lueur d'espoir, cependant, en excluant les prix de l'énergie et de l'alimentation, l'inflation dite sous-jacente ralentit par rapport à février, à 0,3% contre 0,5%.

Ainsi, les prix des voitures d'occasion, qui tirent l'inflation depuis des mois, ont reculé en mars (-3,8%).

Sur un an en revanche, l'inflation sous-jacente s'accélère, et atteint 6,5%, son plus haut niveau depuis août 1982.

Familles à faibles revenus

"La hausse des prix des matières premières liée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie est à l'origine de ce chiffre d'inflation très élevé", a également commenté une gouverneure de la banque centrale américaine (Fed), Lael Brainard, lors d'une interview au Wall Street Journal.

Cette guerre "est un très important contributeur aux pressions inflationnistes", a-t-elle ajouté, soulignant que "ces augmentations de prix sont particulièrement douloureuses pour les familles à faibles revenus qui en consacrent une plus grande part à la nourriture et au transport".

La responsable a également évoqué la politique zéro-Covid de la Chine, qui "semble avoir un effet notable sur l'activité", et pourrait ainsi peser sur les problèmes d'approvisionnement.

Cela fait maintenant un an que l'inflation, qui réduit le pouvoir d'achat des ménages, est supérieure aux 2% cible de la Fed. Le mois de mars est même le sixième d'affilée à enregistrer une hausse des prix supérieure à 6%.

L'indice CPI est celui sur lequel sont indexées, notamment, les retraites. La banque centrale américaine (Fed) privilégie un autre indice, le PCE, qui a progressé de 6,4% sur un an en février.

L'institution a commencé mi-mars à relever ses taux directeurs, pour accroître le coût du crédit et ainsi ralentir la consommation et l'investissement. Elle a aussi averti qu'elle allait continuer à resserrer sa politique monétaire dans les mois à venir.

Les taux, qui se trouvaient dans une fourchette de 0 à 0,25%, sont désormais compris entre 0,25 et 0,50%.

afp/al