Washington (awp/afp) - Le taux de chômage devrait rester stable en janvier aux Etats-Unis, pour le troisième mois d'affilée, une stabilisation du marché du travail qui fait dire à certains économistes que le plus dur est passé pour l'économie américaine affectée par la pandémie de Covid-19.

Comme en novembre et en décembre, le taux de chômage, qui sera publié ce vendredi, devrait être de 6,7% en janvier, selon un consensus d'analystes.

"Notre prévision table sur 200.000 emplois créés en janvier", avance l'économiste Ian Shepherdson, chez Pantheon Macroeconomics, ajoutant qu'il ne serait pas surpris si le nombre était plus important.

Les derniers signaux sont positifs.

En janvier, les entreprises du secteur privé ont recommencé à créer des emplois, alors qu'elles en avaient détruit en décembre pour la première fois depuis le mois d'avril, selon l'enquête mensuelle de la firme de services aux entreprises ADP.

Et les nouvelles inscriptions au chômage ont reculé pendant les trois dernières semaines de janvier, ce qui montre "que le marché du travail se redresse", estime Sarah House, économiste pour Wells Fargo, dans une note.

Par conséquent, "le rapport sur l'emploi de (vendredi) devrait suggérer que le pire du ralentissement hivernal est peut-être déjà derrière nous", ajoute-t-elle.

Le taux de chômage pourrait même amorcer un léger recul, même si des milliers de petites entreprises n'ont pas rouvert ou fonctionnent à capacités réduites en raison des restrictions limitant l'activité économique dans de nombreux Etats.

17,8 millions de chômeurs

Fin 2020, la hausse continue des cas de Covid-19 avait contraint de nombreux élus locaux à ordonner de nouvelles mesures, notamment la fermeture des restaurants en intérieur. La situation était telle que même des responsables politiques habituellement hostiles à ce genre de restrictions y avaient eu recours.

L'emploi en avait pâti, d'autant plus que l'adoption d'un nouveau plan de relance de 900 milliards de dollars est arrivée très tardivement, à la toute fin du mois de décembre.

Ce plan comprend des aides pour les entreprises, ainsi qu'une prolongation des droits au chômage pour des millions d'Américains. Cela a fait grimper les nouvelles inscriptions début janvier, puisque certains chômeurs, qui pensaient ne plus y avoir droit, ont pu de nouveau pointer au chômage.

Et le nombre total de bénéficiaires du chômage a mécaniquement bondi début janvier. Il a ensuite reculé un peu, et 17,8 millions de personnes touchent le chômage, selon les dernières données disponibles, publiées jeudi par le département du Travail.

Cela reste néanmoins huit fois plus élevé que l'an passé à la même époque.

Devant ce tableau économique contrasté, l'administration Biden est à la manoeuvre pour faire adopter très rapidement au Congrès un nouveau plan d'aides d'urgence de 1.900 milliards de dollars, un montant jugé bien trop élevé par une large partie des élus républicains inquiets du creusement du déficit public.

"Les mois à venir seront difficiles"

"Il y a vraiment un besoin urgent et nous devons agir en grand", a balayé jeudi la secrétaire au Trésor Janet Yellen, interrogée sur la chaîne ABC pour sa première interview depuis sa prise de fonctions il y a une semaine.

"Les mois à venir seront difficiles" pour des millions d'Américains, notamment les ménages les plus vulnérables, a-t-elle encore averti.

Joe Biden, qui assure vouloir une entente avec les républicains mais a déclaré qu'il ne voulait pas rogner sur l'ampleur du plan, pourrait toutefois accepter de réduire le nombre de foyers destinataires d'un chèque direct supplémentaire de 1.400 dollars par personne.

Ce nouveau plan d'aides, ainsi qu'une "diffusion plus large des vaccins, amélioreront le marché du travail vers le milieu de l'année, mais à court terme, nous prévoyons que les demandes de chômage resteront élevées par rapport aux normes historiques", anticipe Nancy Vanden Houten, analyste pour Oxford Economics, dans une note.

La pandémie avait, en deux mois, fait grimper le taux de chômage des Etats-Unis de 3,5% en février, son plus bas en 50 ans, à 14,8% en avril, son plus haut en 80 ans.

afp/jh