Washington (awp/afp) - Le marché du travail aux Etats-Unis devrait afficher de bons chiffres vendredi pour le mois de mai, après un nouveau boom de l'emploi observé dans le secteur privé.

Le ministère du Travail publiera vendredi à 12H30 GMT le taux de chômage et les créations d'emplois pour mai, à dix jours d'une réunion de la Réserve fédérale (Fed) sur les taux directeurs.

Les analystes s'attendent à 185.000 nouveaux emplois, après 211.00 en avril et à un taux de chômage stable à 4,4%, son plus bas niveau en dix ans.

Mais leurs prévisions pourraient être dépassées: l'enquête mensuelle de la firme de fiches de paie ADP, parue jeudi, a ainsi fait état d'un bond des créations d'emplois sur le seul secteur privé avec 253.000 embauches en mai contre 174.000 le mois d'avant.

"La croissance de l'emploi tourne à plein régime. Le rythme actuel des créations d'emplois est presque trois fois supérieur à celui qui serait nécessaire pour absorber l'augmentation de la population active. De plus en plus, le problème numéro un pour les entreprises va être la pénurie de main d'oeuvre", a affirmé Mark Zandi, l'économiste en chef de Moody's Analytics qui co-publie cette enquête mensuelle.

Si cette embellie se vérifie dans les chiffres officiels de l'emploi, cela montrerait que la croissance économique ne faiblit pas, contrairement à ce qu'avait fait craindre un premier trimestre morose où l'expansion a ralenti à 1,2%.

A moins de deux semaines d'une réunion de la Fed, ces statistiques de l'emploi, si elles confirment un nouveau resserrement du marché du travail et une possible accélération des hausses de salaires, devraient conforter la banque centrale dans sa volonté de donner encore un tour de vis monétaire.

Le Livre beige de la Fed paru mercredi, rapport de conjoncture le plus récent puisqu'il court jusqu'à la fin mai, a relevé que l'emploi continuait d'augmenter et qu'il devenait difficile d'attirer de nouveaux salariés, voire de les retenir.

- Faibles hausses de salaires -

Timothy Fiore, responsable de l'enquête manufacturière mensuelle des directeurs d'achats ISM, a indiqué jeudi qu'il devenait de plus en plus difficile pour les entreprises de trouver rapidement des employés qualifiés et que cela augurait d'une bonne tenue du marché de l'emploi dans les trois à quatre mois à venir.

Pour l'instant, l'impact de cette situation de quasi-plein emploi reste faible sur les hausses de salaires qui demeurent modestes et donc sur l'inflation en général, a noté le Livre beige. Le salaire horaire moyen n'a augmenté que de 2,5% sur un an.

Jusqu'ici, l'inflation a été décevante ces deux derniers mois, ralentissant sa remontée vers l'objectif de 2% que la Fed estime sain pour l'économie. En avril, elle s'est établie à 1,7% sur un an, selon l'indice PCE. Un coup de mou que les experts espèrent temporaire.

Pour prévenir une éventuelle surchauffe à l'avenir, la Fed va vouloir poursuivre, peut-être dès la réunion de son Comité monétaire des 13 et 14 juin, le relèvement progressif des taux.

Comme l'a résumé le gouverneur de la Fed Jérôme Powell vendredi, "l'état sain de notre économie et les perspectives favorables suggèrent que le Comité monétaire devrait continuer à normaliser sa politique monétaire".

Les taux d'intérêt au jour le jour se situent entre 0,75% et 1% après trois hausses modestes, intervenues en décembre 2015, décembre 2016, et mars 2017 après sept ans de politique monétaire à taux zéro.

"Je m'attends à ce que l'économie continue de croître autour de 2%, avec de fortes créations d'emplois et un resserrement du marché du travail tandis que l'inflation va monter vers sa cible de 2%", a affirmé M. Powell.

"Le taux de chômage va encore baisser et restera à un niveau bas pendant quelque temps ce qui (...) poussera les salaires à la hausse ou encouragera les entreprises à investir davantage vu la montée du coût de l'emploi, tous ces résultats étant des aboutissements souhaitables", a-t-il conclu.

afp/rp