(Répétition sans changement d'une dépêche transmise mardi)

* Les banques, grandes bénéficiaires d'une baisse de l'IS

* Citigroup moins avantagée que ses concurrentes

* Des forts écarts sur les gains de BPA, selon les hypothèses

par David Henry

NEW YORK, 11 janvier (Reuters) - Les publications de résultats trimestriels par les banques américaines qui démarrent vendredi seront dominées par l'impact des propositions de réduction du taux de l'impôt sur les sociétés et ses conséquences sur leur distribution du dividende.

Les trois plus grandes banques en termes de total de bilan - JP Morgan Chase, Bank of America et Wells Fargo - ouvriront le bal mais Citigroup, qui publiera ses résultats le mercredi suivant, risque d'être désavantagée par rapport à ses concurrentes du fait de sa plus forte internationalisation et de l'ampleur de ses reports déficitaires.

La proposition de loi soumise par les élus républicains à la Chambre des Représentants prévoit d'abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) à 20% contre 35% actuellement et une promesse du président-élu Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, va jusqu'à le réduire à 15%.

Les banques, qui payent plus d'impôts que les entreprises d'autres secteurs parce qu'elles bénéficient moins de crédits d'impôt sur l'investissement et d'autres déductions fiscales comme celles consenties aux entreprises du secteur gazier et pétrolier, seront par conséquent les premières bénéficiaires de la réforme.

Ce coup de pouce fiscal sera un peu la cerise sur le gâteau pour un secteur dont la rentabilité bénéficiera cette année de taux d'intérêt plus élevé et d'assouplissements réglementaires attendus après les promesses lancées par Donald Trump durant sa campagne pour l'élection présidentielle.

MOINDRE AVANTAGE POUR CITIGROUP

Plusieurs analystes spécialisés sur le secteur bancaire qui ont évalué l'impact des propositions fiscales des Républicains et du président-élu estiment que le gain pour le bénéfice par action (BPA) de Citigroup pourrait être moitié moindre que pour certaines de ses concurrentes.

Citigroup réalise plus de la moitié de ses profits hors des Etats-Unis dans des pays où les taux d'imposition des bénéfices sont le plus souvent inférieurs au taux américain.

La banque bénéficiera donc moins que ses concurrentes plus exposées sur le marché américain d'une baisse de taux de l'IS aux Etats-Unis. Un porte-parole de Citigroup s'est refusé à tout commentaire sur ce point.

"Si les Etats-Unis abaissent le taux de l'IS, ils en bénéficieront mais moins (que d'autres)", a dit Jason Goldberg, analyste de Barclays qui s'attend à un gain de 11% du BPA de la banque avec la réduction de l'IS contre un gain de 21,4% attendu pour JP Morgan.

Quelques jours avant l'élection présidentielle du 8 novembre, les dirigeants du Citigroup avaient aussi déclaré que la banque devrait passer une charge de dépréciation pouvant aller jusqu'à quatre milliards de dollars sur ses reports déficitaires pour les ramener à 12 milliards de dollars en fonction de l'ampleur et de la date d'entrée en vigueur de la baisse de l'IS.

Citigroup dispose d'importants reports déficitaires, hérités de ses lourdes pertes lors de la crise financière de 2007-2009.

"Ils ne peuvent guère faire autrement que de l'expliquer", a dit Fred Cannon, responsable de la recherche de Keefe, Bruyette & Woods.

Il s'attend à une hausse de 9,6% du BPA de Citigroup grâce à la baisse de l'IS, près de la moitié de celle de 18,9% qu'il anticipe dans le cas de JP Morgan.

PLUS DE DIVIDENDES

Une hausse des bénéfices après impôt augmentera les capitaux disponibles pour la distribution de dividendes ou les rachats d'actions, ce qui pourrait pousser encore à la hausse les cours des valeurs bancaires, estiment certains analystes.

Les questions les plus fréquentes des investisseurs portent sur les conséquences des baisses d'impôt pour les banques, a souligné Betsy Graseck, analyste chez Morgan Stanley, dans une note publiée vendredi.

Elle s'attend à ce que la réduction de l'IS entraîne une hausse de 7% des BPA de Citigroup, de 19% dans le cas de Wells Fargo et de 22% pour JPMorgan. John McDonald, de Bernstein Research, table sur des gains de 10%, 19% et 13%, respectivement.

Ces écarts de prévision soulignent l'incertitude qui entoure la réforme fiscale et les estimations varient en fonction des hypothèses retenues sur l'ampleur de la baisse qui sera finalement adoptée par le législateur.

Le calendrier ne sera pas neutre non plus et Fred Cannon rappelle que la réforme fiscale de 1986 avait pris deux ans.

Il a retenu l'hypothèse d'une réduction du taux de l'IS à 25% estimant que les inquiétudes sur le financement des baisses d'impôts, y compris de l'impôt sur le revenu, pousseront à tempérer les propositions des Républicains et de Donald Trump.

"Tout est dans les détails et il y a beaucoup d'incertitude sur la manière dont tout cela va se dérouler", a résumé Betsy Goldberg.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)