Cette révision, supérieure aux attentes des économistes interrogés par Reuters qui étaient en moyenne d'une croissance de 4,0%, s'explique principalement par une hausse des investissements des entreprises en logiciels plus importante qu'initialement annoncée et par un recul des importations, notamment de pétrole.

Le relèvement des dépenses d'investissement des entreprises et la révision en baisse des importations ont compensé un fléchissement des dépenses de consommation.

La croissance sur la période avril-juin ressort au plus haut depuis le troisième trimestre 2014 et fait suite à une hausse du produit intérieur brut de 2,2% au premier trimestre.

Par rapport au deuxième trimestre 2017, le produit intérieur brut américain affiche une progression de 2,9% contre 2,8% en première estimation. Il a augmenté de 3,2% sur les six premiers mois de cette année contre une première estimation de 3,1%, ce qui conforte l'objectif du président américain Donald Trump d'une croissance de 3% par an.

La hausse de l'indice des prix Core PCE, très suivi par la Réserve fédérale américaine, a été confirmée à 2,0% en deuxième estimation.

La solide croissance du deuxième trimestre pourrait toutefois ne pas durer. Elle a en effet bénéficié d'un coup de fouet avec l'entrée en vigueur des baisses d'impôts adoptées à la fin de l'année dernière par le Congrès et du dynamisme des exportations lié à des ventes anticipées de soja par les agriculteurs américains avant l'entrée en vigueur de tarifs douaniers décidés par Pékin en représailles à ceux imposés par Washington sur des produits chinois.

Le département du Commerce a fait état mardi d'une hausse de 6,3% du déficit des échanges de biens le mois dernier, à 72,2 milliards de dollars, sous l'effet notamment d'une chute de 6,7% des exportations de produits et de denrées alimentaires.

DÉSTOCKAGE

Si les dépenses de consommation sont restées soutenues au début du troisième trimestre, le marché de l'immobilier a montré des signes d'essoufflement avec une hausse moindre qu'attendu des mises en chantier en juillet et une baisse des ventes de logements neufs et existants.

La politique d'"America First" de Donald Trump a en outre attisé les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine mais aussi avec l'Union européenne, le Mexique et le Canada, ce qui pourrait freiner la croissance, selon des économistes.

Une mesure alternative de la croissance, le revenu national brut, a augmenté de 1,8% au deuxième trimestre après une hausse de 3,9% sur les trois mois précédents.

La moyenne du PIB et du produit national brut, considéré comme une meilleure mesure de l'activité économique, a progressé de 3,0% sur la période avril-juin après une hausse de +3,1% au trimestre précédent.

Du côté des revenus, la croissance a été freinée par les bénéfices après impôts, qui ont augmenté de 2,4% après un bond de 8,2% au premier trimestre.

La croissance des dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l'activité économique aux Etats-Unis, a été abaissée à 3,8% contre une progression de 4,0% en première estimation. Elle était ressortie à 0,5% au premier trimestre.

Le bond des exportations au deuxième trimestre, sous l'effet notamment des ventes anticipées de soja, a été révisé en légère baisse à 9,1% sur le trimestre contre +9,3% en première estimation.

Les importations ont reculé de 0,4% sur la période, principalement du fait du recul des achats de pétrole, alors qu'elles avaient été annoncées en hausse de 0,5% en première estimation.

Le déficit commercial s'est en conséquence nettement réduit et les échanges extérieurs ont contribué à hauteur de 1,17 point de pourcentage à la croissance sur la période contre un apport de 1,06 point de pourcentage en première estimation.

Les ventes anticipées de soja ont réduit les stocks des agriculteurs et tous secteurs confondus les stocks ont diminué de 26,9 milliards de dollars (23,04 milliards d'euros) contre un recul de 27,9 milliards de dollars précédemment annoncé.

La variation des stocks a eu un impact négatif sur la croissance à hauteur de 0,97 point de pourcentage contre un impact négatif d'un point de pourcentage en première estimation.

La croissance des investissements des entreprises en logiciels a été relevée à +0,23% contre +0,12% en première estimation.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Lucia Mutikani