par Alister Bull et Jonathan Spicer

ST LOUIS/NEW YORK, 1er novembre (Reuters) - La Réserve fédérale devrait attendre des signes d'accélération de l'inflation avant de commencer à réduire ses achats d'obligations, a déclaré vendredi un haut responsable de la banque centrale américaine.

James Bullard, le président de la Fed régionale de St Louis, s'est cependant refusé à dire si la prochaine réunion de politique monétaire, à la mi-décembre, interviendrait trop tôt pour qu'elle débouche sur une décision.

"Je ne veux pas spéculer sur ce que le comité fera en décembre", a-t-il dit à des journalistes après avoir prononcé un discours lors d'une conférence financière. "Je suis partisan de garder toutes nos options disponibles à chaque réunion."

James Bullard, qui s'est prononcé lors de la réunion de cette semaine en faveur du maintien des achats d'obligations à leur rythme actuel de 85 milliards de dollars par mois, est généralement considéré comme l'un des plus "centristes" des membres du Federal Open Market Committee (FOMC) de la banque centrale.

Il a expliqué que l'augmentation du bilan de la Fed (multiplié par quatre depuis fin 2008 pour atteindre 3.800 milliards de dollars) avait généré des risques d'instabilité financière et que les responsables de la politique monétaire devaient "sortir des territoires inconnus si c'est possible".

Mais l'inflation aux Etats-Unis, à 1,2% seulement en rythme annuel en août selon le baromètre favori de la Fed, reste trop loin de l'objectif de 2% à moyen terme que s'est fixé le FOMC.

"J'aimerais voir l'inflation remonter vers l'objectif avant que nous prenions une décision sur la réduction" des achats d'obligations, a expliqué James Bullard. "Si nous la voyions remonter, si nous avions des éléments de preuve montrant qu'elle remonte vers l'objectif, je pense que cela nous aiderait à prendre une décision."

PLOSSER POUR UN PLAFOND AU QE

Les économistes pensent pour l'instant que la Fed attendra 2014 pour commencer à réduire ses achats d'obligations mais une amélioration marquée des indicateurs économiques au cours des six prochaines semaines pourrait redonner de la crédibilité au scénario d'une diminution de ces achats, le "tapering", dès la réunion des 17 et 18 décembre.

Un autre responsable de la banque centrale, Charles Plosser, le président de la Fed de Philadelphie, a expliqué sur la chaîne de télévision CNBC vendredi qu'une solution permettant un désengagement progressif de la politique d'assouplissement quantitatif (QE) pourrait consister à fixer un montant global maximal au programme d'achats en cours.

"J'ai, en ce moment, tendance à croire que ce serait un meilleur moyen pour en sortir", a-t-il déclaré, ajoutant qu'un tel plafonnement permettrait à la Fed de réévaluer la situation économique une fois le plafond atteint.

"Il serait sage que nous songions au moyen de sortir (...) de ce programme de manière réfléchie sans créer de confusion avec nos perspectives de taux d'intérêt."

James Bullard a déclaré qu'il n'était pas partisan de l'approche défendue par Charles Plosser, expliquant qu'il serait impossible de prédire l'évolution de la conjoncture après l'arrêt des achats d'actifs, ce qui compliquerait la politique de communication de la Fed.

La Réserve fédérale a décidé mercredi de laisser inchangé le montant de ses achats d'obligations et elle a réaffirmé qu'elle ne remonterait pas ses taux d'intérêt tant que le taux de chômage ne serait retombé à 6,5% et que les perspectives d'inflation resteraient inférieures à 2,5%.

Le taux de chômage était de 7,2% en septembre. (Jonathan Spicer, Constance de Cambiaire et Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)