4 novembre (Reuters) - A l'approche de l'élection présidentielle de mardi, tant Barack Obama que son adversaire républicain Mitt Romney ont mis l'accent sur la relance de la croissance et l'emploi.

L'économie américaine peine à retrouver un rythme de croissance supérieur à 2% depuis la récession de 2007-2009 et le taux de chômage reste élevé à 7,9%. Plus de 23 millions d'Américains sont au chômage ou en temps partiel subi ; d'autres souhaiteraient travailler mais ont renoncer à chercher dans l'immédiat.

Voici les principales solutions que proposent les deux candidats :

EMPLOI

Barack Obama assure que sa politique renforcera l'industrie, favorisera les petites et moyennes entreprises, améliorera la qualité de l'éducation et rendra le pays moins dépendant des importations de pétrole.

Il promet un million de créations de postes dans l'industrie manufacturière d'ici 2016 et plus de 600.000 dans le secteur du gaz naturel, ainsi que le recrutement de 100.000 professeurs de mathématiques et de sciences.

La réparation et le remplacement d'infrastructures (routes, ponts, pistes d'atterrissage, écoles...) figure dans son programme pour relancer l'emploi. La moitié des économies provenant de la fin des interventions militaires en Irak et en Afghanistan servirait au financement de projets d'infrastructures.

Mitt Romney, de son côté, a promis la création de 12 millions d'emplois pendant son premier mandat, soit une moyenne de 250.000 par mois. Les économistes jugent ce chiffre crédible mais par le jeu naturel de l'économie.

Son programme est axé sur la réforme fiscale, l'indépendance énergétique, la déréglementation et le renforcement des échanges, notamment en réduisant les barrières douanières avec la Chine.

Romney accuse Obama de ne pas avoir été assez agressif vis-à-vis de la Chine et promet d'utiliser la menace de sanctions américaines et d'une action coordonnée avec d'autres pays pour obliger Pékin à respecter les règles du commerce international.

De six millions de dollars en 1985, le déficit des échanges des Etats-Unis avec la Chine a enflé à 295 milliards en 2011.

LOGEMENT

La crise de l'immobilier est au coeur des difficultés de l'économie américaine mais ni Barack Obama ni Mitt Romney n'en ont fait une priorité pendant la campagne électorale.

Obama soutient les efforts pour aider les emprunteurs en difficulté à refinancer leurs prêts pour profiter des taux bas actuels, mais ses initiatives n'ont guère rencontré d'écho.

Il est en conflit avec l'administrateur indépendant des agences fédérales Fannie Mae et Freddie Mac, Edward DeMarco, qu'il veut convaincre de faire des efforts pour soulager les emprunteurs en difficulté.

Mitt Romney a dit, lors de la campagne, que le marché immobilier devait sortir de l'ornière seul, sans intervention gouvernementale. Démocrates et républicains sont d'accord pour dire que l'intervention gouvernementale sur le marché hypothécaire doit être réduite, mais les candidats n'ont pas présenté de plan précis.

LA RÉSERVE FÉDÉRALE

Le mandat actuel de Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, prend fin le 31 janvier 2014. Barack Obama, s'il est réélu, lui proposera vraisemblablement un troisième mandat mais il n'est pas sûr que l'ex-professeur d'économie de Princeton, en poste depuis huit ans, accepte de rester à la tête de la Fed.

Janet Yellen, vice-présidente de la banque centrale, semble la mieux placée pour lui succéder. Comme Bernanke, elle est favorable à une politique monétaire ultra-accommodante jusqu'au redressement complet du marché du travail.

Mitt Romney, à l'inverse du candidat démocrate, a dit explicitement qu'il ne proposerait pas de reconduire Ben Bernanke. Son choix se porterait certainement sur un banquier central un peu plus "faucon", susceptible de relever les taux d'intérêt pour éloigner toute menace inflationniste.

Trois conseillers de Romney, Glenn Hubbard, Greg Mankiw et John Taylor, sont pressentis pour être candidats à la présidence de la Fed si les républicains reprennent la Maison Blanche.

POLITIQUE BUDGÉTAIRE

Barack Obama entend réduire le déficit du budget fédéral de plus de 4.000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie en laissant expirer des réductions d'impôts accordées par son prédécesseur aux classes aisées et en supprimant des niches fiscales. La moitié des économies réalisées avec la fin des guerres en Irak et en Afghanistan serait aussi affectée à la réduction du déficit.

Mitt Romney promet de réduire de 20% les taux marginaux d'imposition sur le revenu et d'élargir l'assiette fiscale en supprimant des niches. Il maintiendrait toutes les baisses d'impôts de l'ère Bush et assure que le tout serait sans impact sur les revenus, ce que conteste Barack Obama.

Le candidat républicain s'est également engagé à ramener le niveau des dépenses fédérales à 20% du produit intérieur brut en quatre ans, contre 24% actuellement.

Les deux veulent aussi réduire le taux d'imposition des sociétés, Romney allant plus loin dans ce domaine qu'Obama.

RÉGULATION

Barack Obama devrait s'en tenir à sa politique actuelle de soutien à un renforcement du cadre réglementaire des services financiers avec le "Dodd-Franck Act" en vigueur depuis 2010. On ignore à ce stade si Mary Schapiro, présidente de la Securities and Exchange Commission (SEC, le régulateur boursier), restera en poste, mais si elle part Obama devrait choisir un profil similaire.

Mitt Romney, lui, a promis d'abroger la loi Dodd-Franck mais les experts en doutent : ce serait politiquement impopulaire, et les Démocrates ont toutes les chances de conserver la majorité au Sénat. Ils tablent plutôt sur des modifications ciblées qui remettraient en cause certains aspects de la loi, comme la "règle Volcker" qui interdit le négoce de valeurs mobilières pour compte propre aux sociétés financières bénéficiant du système public de garantie des dépôts.

De même, Romney entend limiter les pouvoirs du nouveau Consumer Financial Protection Bureau, autorité créée par le Dodd-Franck Act et qui a pour mission de protéger les consommateurs contre les pratiques commerciales abusives et déloyales dans la distribution de produits financiers et dans le financement immobilier. (Lucia Mutikani, Alister Bull, Doug Palmer,; Margaret Chadbourn et Sarah Lynch, Véronique Tison pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet)