Istanbul (awp/afp) - La livre turque a de nouveau atteint un plus bas historique sur les marchés des changes mercredi malgré des mesures prises par la Banque centrale, sur fond d'incertitude politique et d'une série d'attentats meurtriers.

La monnaie turque a perdu près de 10% de sa valeur contre le dollar depuis le début de l'année, tandis que le Parlement examine un projet de réforme constitutionnelle qui vise à renforcer les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.

La livre a perdu 1,15% de sa valeur contre le dollar mercredi, s'échangeant à 3,84 contre le billet vert à la mi-journée, après avoir atteint dans la matinée un nouveau record à la baisse, s'échangeant brièvement à 3,89 livres contre un dollar.

Face à la monnaie européenne, la livre a dépassé mercredi le seuil de 4 livres contre un euro, s'échangeant à 4,06, soit une perte de 1,19% de sa valeur.

Les économistes ont exprimé leur inquiétude à voir cette dynamique se poursuivre en raison d'incertitudes en termes de sécurité - avec les différents attentats liés à la rébellion kurde et au groupe Etat islamique (EI) - et de stabilité politique, à l'approche d'un potentiel passage à un système présidentiel.

La Banque centrale turque a tenté mardi d'enrayer la chute de sa monnaie en baissant le ratio de réserves de change dans les établissements bancaires du pays, afin d'injecter 1,5 milliard de dollars dans le système financier.

La mesure n'a pas rencontré le succès escompté, les économistes estimant qu'elle n'est pas suffisante.

Pour les économistes de Finansbank, si ces mesures vont dans le bon sens pour soutenir la livre, "en terme de magnitude, c'est une autre affaire. Nous pensons que l'impact sur la monnaie sera probablement limité", expliquent-ils dans une note à leur client.

Malgré tout, les autorités turques restent optimistes.

"Le taux de change n'est pas plus important que le déficit courant, l'emploi, la croissance ou l'inflation", a déclaré le ministre de l'Economie Nihat Zeybekçi, cité par le quotidien Hürriyet, ajoutant que la chute de la livre n'est que "temporaire".

Cemil Ertem, conseiller principal du président Erdogan, met en cause pour sa part un complot étranger pour encourager la spéculation et dévaluer la livre turque pendant les débats parlementaires sur la réforme constitutionnelle.

"Il y a une opération en cours pour dévaluer rapidement la livre turque. Ce n'est pas une théorie "conspirationniste". C'est une réalité très claire", a-t-il déclaré à Hürriyet.

Un chroniqueur du quotidien, Ugur Gurses, a estimé que la Banque centrale se trouve incapable de provoquer le moindre changement, du fait du contexte politique, qui la contraint à agir en simple "pompier".

"Les turbulences que traversent les marchés financiers turcs sont entièrement alimentées par le champ politique", écrit-il.

afp/rp