* L'arsenal américain est "chargé", dit Trump

* Pyongyang accuse Trump de conduire à la guerre nucléaire

* Lavrov évoque un plan sino-russe de sortie de crise (Citation §12)

par James Oliphant

BEDMINSTER, New Jersey, 11 août (Reuters) - Donald Trump a lancé vendredi une nouvelle mise en garde à la Corée du Nord, la prévenant que les armes américaines étaient prêtes à l'emploi.

La Chine et la Russie s'efforcent pour leur part d'intervenir pour empêcher la guerre des mots entre Washington et Pyongyang de dégénérer en conflit armé.

Le régime nord-coréen a de son côté accusé le président des Etats-Unis de conduire la péninsule coréenne au bord d'une guerre nucléaire.

Alors que le ton n'a cessé de monter cette semaine entre Washington et Pyongyang, la Chine a fait comprendre qu'elle n'interviendrait pas pour soutenir la Corée du Nord si elle prenait une initiative susceptible d'être considérée comme une agression par les Etats-Unis, allusion au projet nord-coréen de tirs de missiles en direction de l'île de Guam.

La Russie a quant à elle fait état d'un plan sino-russe de sortie de crise. Il consisterait en un gel des essais de missiles de la Corée du Nord et un arrêt des manoeuvres militaires conjointes des Etats-Unis et de la Corée du Sud.

Le Pentagone a cependant déclaré vendredi que ces manœuvres annuelles conjointes débuteraient comme prévu le 21 août.

De son lieu de villégiature dans le New Jersey, Donald Trump a lancé un nouvel avertissement direct à la Corée du Nord et à son dirigeant Kim Jong-un.

"Les solutions militaires sont totalement en place, verrouillées et chargées, si la Corée du Nord agit de manière imprudente. Espérons que Kim Jong-un choisira une autre voie", a écrit le président américain sur son compte Twitter.

L'APPROCHE DIPLOMATIQUE RESTE PRIVILÉGIÉE

L'expression "verrouillée et chargée" ("locked and loaded") a été popularisée par le film "Iwo Jima" sorti en 1949 avec John Wayne et retraçant un épisode de la bataille du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale. Elle désigne une arme prête à tirer.

S'adressant plus tard à la presse, Donald Trump a dit espérer que la Corée du Nord "comprenait bien la gravité de ce que j'ai dit, et ce que j'ai dit est ce que je pense".

"S'il émet la moindre menace (...) ou s'il fait quoi que ce soit concernant Guam ou tout autre territoire américain ou un allié des Etats-Unis, il le regrettera vraiment et il le regrettera rapidement", a-t-il ajouté.

Jeudi déjà, Donald Trump avait jugé que sa précédente mise en garde à la Corée du Nord, menacée mardi de subir "le feu et la fureur", n'avait peut-être pas été "assez dure".

Son secrétaire à la Défense avait ensuite atténué ces propos en disant que les Etats-Unis continuaient de privilégier une approche diplomatique face à la Corée du Nord.

Une guerre serait "catastrophique", a dit James Mattis, tout en assurant que les Etats-Unis étaient "prêts" à riposter à tout acte hostile de Pyongyang, qui a présenté jeudi un plan détaillé de tirs de missiles vers Guam, un territoire américain du Pacifique.

Malgré des sanctions des Nations unies, la Corée du Nord a effectué cinq essais nucléaires depuis 2006, les derniers en 2016. La tension avec les Etats-Unis est brusquement montée depuis qu'elle a procédé en juillet à deux tirs d'essai de missiles balistiques intercontinentaux.

Donald Trump a déclaré qu'il ne laisserait pas la Corée du Nord se doter d'un arsenal nucléaire capable de frapper les Etats-Unis.

La Chine, seule alliée de taille et principal partenaire commercial de la Corée du Nord, a une nouvelle fois invité les deux camps à la retenue, y compris verbale, tout en les prévenant de l'attitude qu'elle adopterait si l'un ou l'autre prenait une initiative susceptible d'aggraver la situation.

"La Chine devrait aussi indiquer clairement que si la Corée du Nord tire des missiles qui menacent d'abord le sol américain et que les Etats-Unis ripostent, la Chine restera neutre", dit un éditorial du Global Times, contrôlé par le pouvoir.

PÉKIN MET AUSSI EN GARDE WASHINGTON ET SÉOUL

"Si les Etats-Unis et la Corée du Sud procèdent à des frappes et essaient de renverser le régime nord-coréen et de changer le cadre politique sur la péninsule coréenne, la Chine les empêchera d'agir de la sorte", ajoute l'auteur de l'article.

Pékin est irrité à la fois par l'attitude de la Corée du Nord, qui poursuit ses essais nucléaires et balistiques, et par les initiatives des Etats-Unis et de la Corée du Sud, notamment leurs manoeuvres militaires perçues comme un facteur de tensions.

Sergueï Lavrov a déclaré vendredi que la Russie et la Chine proposaient un plan de résolution de la crise passant précisément par un gel des tirs de missiles nord-coréens et par un moratoire sur les manoeuvres américano-sud-coréennes.

"La partie qui est la plus forte et la plus intelligente" devrait effectuer le premier pas, a dit le ministre russe des Affaires étrangères lors d'une intervention devant des étudiants russes retransmise par la télévision publique.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré quant à elle qu'il n'y avait pas de "solution militaire" à cette crise.

Elle a souhaité une "étroite coopération entre les pays impliqués, notamment les Etats-Unis et la Chine", et a jugé qu'une "escalade rhétorique est une mauvaise réponse". (Avec Doina Chiacu et Idrees Ali à Washington, Dustin Volz à San Francisco, Tim Kelly à Tokyo, Christine Kim à Séoul, Martin Petty à Guam, Ben Blanchard à Pékin et Kim Coghill à Singapour, Bertrand Boucey et Gilles Trequesser pour le service français)