* Treize points d'avance pour la CDU-CSU

* Un tiers d'indécis

* Incertitudes sur la composition de la prochaine coalition

* Les eurosceptiques de l'AfD pourraient entrer au Bundestag

par Noah Barkin

BERLIN, 22 septembre (Reuters) - Angela Merkel semble promise à un troisième mandat, à l'issue des élections législatives de ce dimanche, premier scrutin fédéral depuis le début de la crise financière, mais la chancelière allemande pourrait être à nouveau contrainte de composer avec le centre gauche.

La formation d'une "grande coalition" avec les sociaux démocrates (SPD) ne serait pas pour déplaire à certains de ses partenaires européens, qui aimeraient voir la chancelière assouplir sa position à l'égard des Etats membres malmenés par la crise, tels que la Grèce.

Un changement de cap radical semble toutefois exclu, puisque Peer Steinbrück, son rival du SPD dont la campagne a été émaillée de plusieurs gaffes retentissantes, est d'accord sur l'essentiel avec la chancelière, qu'il taxe toutefois d'indécision.

Les bureaux de vote ouvriront à 08h00 (06h00 GMT) et les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes sont attendus à 18h00 (20h00 GMT). Sur les 62 millions d'inscrits, un tiers se dit toujours indécis.

Le dernier sondage crédite le camp conservateur formé de l'Union chrétienne démocrate (CDU) d'Angela Merkel et de son aile bavaroise (CSU) de 39% des intentions de vote, soit 13 points de plus que le SPD.

La chancelière, dont le combat acharné pour la défense des intérêts allemands pendant la crise lui vaut plus 60% d'opinions favorables, paraît donc pratiquement assurée d'être reconduite à la tête du gouvernement.

Depuis l'arrivée aux affaires de cette fille de pasteur est-allemand âgée de 59 ans en 2005, l'économie prospère et le chômage recule.

Son approche "pas à pas", qui irrite parfois à l'étranger, a en revanche séduit de nombreux Allemands, qui la surnomment "Mutti" (Maman).

Rien ne garantit toutefois la reconduction de la coalition au pouvoir depuis quatre ans. De 14,6% des voix en 2009, les libéraux du FDP, alliés naturels de la CDU-CSU, sont tombés à 5% dans les intentions de vote.

"CE CONTINENT MAGNIFIQUE"

Si le scrutin confirme cette chute libre, Angela Merkel sera contrainte de se tourner vers le SPD, avec lequel elle a déjà cohabité de 2005 à 2009. L'expérience s'est soldée par un net recul électoral de la formation de centre gauche, dont certains membres sont désormais très hostiles à une nouvelle coalition "rouge-noire".

La chancelière pourrait également tenter de convaincre les "Grünen" d'entrer au gouvernement, mais le scénario le plus probable reste celui d'une entente avec les Sociaux démocrates, dont le prix sera certainement très élevé.

Ils pourraient ainsi exiger des postes clés tels que le ministère des Finances et faire adopter quelques uns des points forts de leur programme, tels que l'instauration d'un salaire minimum et une hausse de la fiscalité pour les plus hauts revenus.

"Ce sera les négociations les plus difficiles que nous ayons jamais vues", prédit le politologue Franck Decker, de l'université de Bonn.

Les eurosceptiques d'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui militent pour un "démantèlement ordonné" de la zone euro et mises sur les craintes liés au coût des plans de sauvetage, pourraient également pousser la CDU-CSU à composer en empiétant sur son électorat.

Crédités des 5% nécessaires, ils pourraient faire leur entrée au Bundestag, ce qu'aucun nouveau parti n'est parvenu à faire depuis 1990.

"Si l'AfD entre au parlement, le débat sur l'euro sera bouleversé en Allemagne", a déclaré à Reuters un proche d'Angela Merkel. La chancelière, qui a tenu samedi son dernier meeting de campagne devant 4.000 personnes à Berlin, a semblé prendre la mesure de ce risque.

"L'Europe est économiquement importante, oui, mais il y a plus. L'an prochain marquera le centième anniversaire de la Première Guerre mondiale", a-t-elle déclaré. "La plupart d'entre nous n'ont jamais eu à vivre la guerre".

"Dans les années à venir, nous devons continuer à travailler au succès de ce continent magnifique".

Peer Steinbrück a quant à lui réuni 7.000 personnes à Francfort. "Dans 28 heures, vous pourrez vous débarrasser d'eux, vous pourrez vous débarrasser du gouvernement le plus rétrograde, le plus incapable et le plus grande-gueule depuis la réunification", leur a-t-il lancé, fidèle à son franc-parler habituel.

Le POINT sur les élections allemandes:

(Avec Stephen Brown, Erik Kirschbaum et Sakari Suoninen, Jean-Philippe Lefief pour le service français)