PARIS, 17 septembre (Reuters) - Une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus cette semaine à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies, grand-messe diplomatique dominée cette année par les tensions avec la Corée du Nord, la Syrie et l'épée de Damoclès planant sur l'accord nucléaire iranien.

Ce rendez-vous annuel, au cours duquel la réforme de la "machine onusienne" devrait également être abordée, est une première pour le président américain Donald Trump, son homologue français Emmanuel Macron et le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres qui ont tous les trois pris leurs fonctions cette année.

Tour d'horizon des principales crises qui seront abordées à cette occasion :

COREE DU NORD

L'essai nucléaire réalisé le 3 septembre par la Corée du Nord, le plus puissant à ce jour, a ravivé les tensions déjà vives entre la communauté internationale et le régime de Pyongyang, sous le coup de sanctions depuis 2006.

Face à cette nouvelle "provocation", le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté à l'unanimité le 11 septembre un nouveau train de sanctions qui prévoit une suspension des exportations textiles nord-coréennes et qui impose un plafond aux importations de pétrole brut.

Mais plusieurs pays, au premier rang desquels les Etats-Unis, pressent pour un durcissement et un renforcement des mesures, notamment économiques, seuls à même selon eux de convaincre Pyongyang de revenir à la table des discussions et à renoncer définitivement à ses programmes nucléaires.

Les grandes manoeuvres diplomatiques visant à faire baisser la tension vont donc logiquement se poursuivre à New York. Washington devrait une nouvelle fois demander à Pékin et Moscou, les plus proches soutiens de la Corée du Nord, de prendre des "mesures directes" contre Pyongyang.

Le président chinois Xi Jinping a de son côté espéré début septembre que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, joue un "rôle constructif pour apaiser la situation et relancer le dialogue".

ACCORD IRANIEN

Autre sujet d'inquiétude, la pérennité de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu entre Téhéran et les puissances du groupe P5+1 (Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine) le 14 juillet 2015, après douze ans de crises diplomatiques et d'âpres négociations.

Qualifié à l'époque d'"historique", le texte encadre les activités nucléaires iraniennes en contrepartie d'une levée progressive des sanctions frappant la République islamique.

Mais cet accord est aujourd'hui fragilisé par les déclarations de Donald Trump, qui a succédé à Barack Obama à la Maison blanche en janvier. Dénonçant "l'un des pires accords jamais conclus", le président américain menace depuis son arrivée au pouvoir de le réviser, voire de l'enterrer, estimant que Téhéran ne respecte pas ses engagements.

Les autres signataires de l'accord craignent que Donald Trump ne "certifie" pas au Congrès, le 15 octobre prochain, que l'Iran respecte les termes de l'accord, une décision qui ouvrirait une période d'incertitude pour l'avenir du texte.

A un mois de cette date butoir, la question de l'accord iranien devrait donc être évoquée, mercredi, en format P5+1 avec l'Iran. "Si les Américains se retirent, c'est la mort", estime un diplomate français.

SYRIE

Plus de six ans après le début du conflit qui a fait plus de 300.000 morts et des millions de réfugiés, les négociations de paix achoppent toujours sur le sort du président Bachar al Assad.

Afin de tenter de débloquer la situation, Emmanuel Macron souhaite la mise en place d'un nouveau "groupe de contact" sur la Syrie, réunissant au départ les cinq membres du Conseil de sécurité de l'Onu.

Ce groupe, sur lequel peu de détails ont pour l'heure filtré, devrait se réunir au niveau ministériel pour la première fois à New York en marge de l'Assemblée générale.

"Les conditions sont davantage réunies aujourd'hui pour une vraie dynamique politique", estime un diplomate français. "La faiblesse c'est l'Amérique : va-t-elle se réengager sérieusement ou pas sur le dossier syrien?"

Reste à savoir également dans quelle mesure Washington acceptera la présence de l'Iran au sein du groupe de contact.

"Sans l'Iran, autant aller au cinéma", poursuit le diplomate. "Or avec l'Amérique de Trump l'Iran est un vrai chiffon rouge. Nous devons réfléchir aux moyens de l'associer sans braquer les Etats-Unis".

REFORME DE L'ONU

Véritable serpent de mer, la réforme de l'Onu a été placée au coeur du plan d'action d'Antonio Guterres qui a estimé l'an dernier que les défis actuels "surpassent désormais" les capacités de l'Onu "à réagir".

Donald Trump, qui a critiqué à plusieurs reprises l'Onu depuis son élection, va s'efforcer à New York de rallier des soutiens à son projet de réforme visant à la rendre "plus efficace et performante", lors d'une réunion organisée lundi.

La France, qui n'a pas été associée au projet de déclaration américaine, évoque "un débat" avec l'administration américaine sur ce sujet, au même titre que le climat ou le commerce.

Les Etats-Unis sont le plus gros contributeur au budget de l'Onu, fournissant 22% de son budget central bisannuel de 5,4 milliards de dollars et 28,5% de son budget de 7,3 milliards de dollars alloué aux opérations de maintien de la paix.

PACTE MONDIAL POUR L'ENVIRONNEMENT

Engagé dans une offensive diplomatique sur la question du climat depuis l'annonce le 1er juin de la sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris, Emmanuel Macron avait annoncé le 24 juin à Paris son intention de franchir une nouvelle étape.

Ce devrait être chose faite à New York cette semaine où le chef de l'Etat a prévu de présenter un projet de "pacte mondial pour l'environnement".

Rédigé par 80 experts internationaux, ce texte a l'ambition de devenir le "premier accord international juridiquement contraignant, rassemblant et harmonisant l'ensemble des droits environnementaux dans un seul et même document."

LIBYE

Une réunion de haut niveau est prévue mercredi pour discuter de la situation et de l'avenir de la Libye, en proie au chaos et à l'instabilité depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011.

Le nouveau représentant spécial de l'Onu pour le pays, Ghassan Salamé, devrait à cette occasion faire le point sur les enseignements tirés de ses déplacements sur le terrain ces derniers mois.

Cette réunion permettra de faire "le suivi de la réunion de la Celle-Saint-Cloud", qui avait réuni les deux frères ennemis libyens en juillet près de Paris, et des initiatives onusiennes, souligne-t-on à l'Elysée.

SAHEL

La question de la force antiterroriste régionale du G5 Sahel et le point crucial de son financement vont faire l'objet d'une réunion lundi.

"La mise en place concrète des points de commandement et de la force est satisfaisante mais il faut un soutien financier", estime-t-on à Paris. "Il y aura d'autres réunions d'ici la fin de l'année pour renforcer ce soutien y compris des Etats-Unis qui se sont dits prêts à augmenter leur aide".

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AVANT-PAPIER - Baptême du feu pour Macron à l'Assemblée générale de l'Onu (Marine Pennetier, avec John Irish, édité par Simon Carraud)