NAIROBI, 9 mars (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a déclaré vendredi à Nairobi avoir fait part à ses interlocuteurs kényans de ses préoccupations concernant l'état de la démocratie au Kenya et a estimé que le gouvernement de Nairobi ne devait ni réprimer les médias ni menacer les tribunaux.

Le gouvernement Kényan a fermé trois chaînes de télévision en janvier, le jour où le chef de l'opposition, Raila Odinga, effectuait symboliquement sa propre prestation de serment, puis il a défié l'injonction de justice lui demandant de les autoriser de nouveau. Ces trois chaînes avaient justement prévu de retransmettre la prestation de serment.

"Nous pensons que certaines mesures doivent être prises au Kenya et qu'il importe de revenir sur certaines décisions comme la fermeture de chaînes de télévision indépendantes ainsi que sur les menaces visant l'indépendance de la justice", a déclaré le chef du département d'Etat américain lors d'une conférence de presse dans la capitale kényane.

"Je sais que le Kenya prend ces choses-là au sérieux. Une presse libre et indépendante est essentielle à la préservation de la démocratie et pour que l'ensemble des Kényans aient confiance en leur gouvernement", a continué Rex Tillerson, arrivé en provenance de Djibouti.

Priée lors de la conférence de presse avec Tillerson de dire si le Kenya pouvait toujours se considérer comme une démocratie, au vu des restrictions imposées cette année, la ministre kényane des Affaires étrangères, Monica Juma, a estimé que "la notion de restrictions imposées aux médias n'est pas étayée par des faits, pas plus que par la réalité".

Seulement "trois, sur une douzaine" de chaînes de télévision ont été temporairement fermées, a-t-elle fait observer.

En septembre, alors que la Cour suprême avait invalidé la victoire électorale du président sortant Uhuru Kenyatta et avait ordonné que l'on revote, le chef de l'Etat avait qualifié les juges de "wakora", ce qui signifie "escrocs" en swahili. Le pays, avait-il ajouté, a un "problème" avec son appareil judiciaire, qui doit être réglé.

Rex Tillerson, dont la tournée africaine, après l'Ethiopie et Djibouti, doit le mener au Tchad et au Nigeria, a salué vendredi la rencontre intervenue entre le président Kenyatta et Raila Odinga, qui se sont engagés à oeuvrer à la réconciliation après la présidentielle contestée de l'an dernier. () (Maggie Fick; Eric Faye pour le service français)