par Elizabeth Piper

LONDRES, 30 septembre (Reuters) - Theresa May, contestée jusque dans son propre camp pour sa stratégie face au Brexit et le résultat désastreux des élections de juin, va tenter de reprendre la main à la faveur de la convention annuelle du Parti conservateur qui s'ouvre dimanche.

Elle s'évertuera, devant les délégués réunis à Manchester, à tracer "la route vers un avenir meilleur", selon ses propres termes, et présentera sa vision d'un "pays qui marche pour tout le monde, et pas seulement pour quelques privilégiés".

Cette promesse, la Première ministre britannique l'avait déjà faite devant le 10, Downing Street en juillet 2016 quand elle avait succédé à David Cameron, trois semaines à peine après la victoire des partisans du Brexit au référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

La réputation, justifiée ou pas, du parti tory de gouverner au bénéfice des "happy few" est un argument régulièrement utilisé par l'opposition travailliste, dont la cote monte dans les sondages et qui se dit prête à revenir aux affaires.

Soucieuse de conserver le soutien de la classe moyenne et de tenter de séduire l'électorat ouvrier et les milieux défavorisés, Theresa May promettra à Manchester que son gouvernement entend prendre des mesures "ici chez nous pour créer un meilleur cadre de vie pour les salariés de ce pays".

"Et à ceux qui songeraient à l'alternative, notre message est clair aussi: le Parti travailliste n'est tout simplement pas prêt pour gouverner", dira-t-elle.

"LE MEILLEUR BREXIT POSSIBLE"

Le Labour affirme le contraire et dans l'entourage de son leader, Jeremy Corbyn, on table, après celles du 8 juin dernier, sur de nouvelles élections anticipées avant même le Brexit, prévu pour le 30 mars 2019.

Le Labour a obtenu un score au delà de ses espérances lors du scrutin de juin, qui a vu en revanche le parti au pouvoir perdre sa majorité absolue, ce qui le contraint à devoir gouverner avec le soutien d'un petit parti d'Irlande du Nord.

Les travaillistes ironisent en outre sur le fait que des ministres clés du gouvernement May semblent passer plus de temps à se chamailler qu'à oeuvrer efficacement à faire avancer les difficiles et complexes négociations sur le Brexit, dont le processus est loin d'aller vite.

Theresa May prendra en compte dans son discours cette problématique et promettra d'obtenir "le meilleur accord possible sur le Brexit".

La sortie annoncée de la Grande-Bretagne du bloc communautaire commence en effet à produire des effets négatifs sur l'économie du pays, comme en attestent les chiffres sur la croissance du deuxième trimestre publiés vendredi.

La chef des Tories, disent certains membres éminents du parti, devra aussi dire comment elle entend moderniser une formation conservatrice jusque dans ses pratiques et dont l'électorat vieillissant se concentre dans les régions les plus riches du sud de l'Angleterre, là précisément où le Labour veut lui tailler des croupières. (Gilles Trequesser pour le service français)