* Paris appelle à mettre un terme à "l'escalade chimique"

* Moscou accuse l'Occident de chercher à renverser Assad

* Entretien téléphonique Macron-Poutine (Actualisé avec déclarations à l'Onu, contexte, précisions)

PARIS, 13 avril (Reuters) - La France, qui réfléchit à une action militaire coordonnée avec les Etats-Unis contre le régime syrien en représailles à l'attaque chimique de Douma, a réaffirmé vendredi sa détermination à mettre un terme à "l'escalade chimique syrienne" tout en s'efforçant de faire baisser la tension avec Moscou.

L'attaque chimique présumée commise le 7 avril et imputée au régime syrien a fait monter la tension déjà vive entre les différentes parties prenantes du conflit et leurs soutiens internationaux, faisant surgir le spectre d'une confrontation militaire entre la Russie et les Etats-Unis.

A la demande de Moscou, allié indéfectible et soutien militaire du régime syrien, une réunion au conseil de sécurité de l'Onu s'est tenue ce vendredi afin de discuter de la menace d'une possible action militaire occidentale contre la Syrie.

"Nous continuons d'observer de dangereux préparatifs militaires en vue d'une action contre un Etat souverain, qui constituerait une violation du droit international", a estimé lors de cette réunion l'ambassadeur de Russie à l'Onu, Vassily Nebenzia.

"Tout ce qui intéresse (l'Occident) c'est de renverser le président syrien Bachar al Assad et de maîtriser la Russie", a-t-il ajouté. "Seul le Conseil de sécurité a l'autorité de prendre des mesures" si l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement syrien est avéré.

Le président américain Donald Trump n'a pas encore pris sa décision, a fait savoir de son côté l'ambassadrice américaine Nikki Haley.

A ses côtés, l'ambassadeur de France François Delattre a appelé à "arrêter l’escalade chimique syrienne" et prévenu que la "France prendra ses responsabilités".

"Nous ne pouvons laisser un pays défier simultanément ce conseil et le droit international", a-t-il dit, évoquant un "point de non-retour" pour le régime syrien. "C'est cette capacité laissée à Damas de transgresser toutes nos normes qui constitue une menace à la sécurité internationale, mettons-y un terme".

APPEL A LA CONCERTATION AVEC MOSCOU

Emmanuel Macron a déclaré jeudi que la France avait la preuve que le régime syrien avait eu recours à l'arme chimique le 7 avril dernier et qu'une décision serait prise sur une éventuelle action militaire une fois que toutes les informations auraient été vérifiées.

Après plusieurs jours d'escalade verbale, notamment entre Washington et Moscou, le chef de l'Etat français s'est entretenu au téléphone avec Vladimir Poutine vendredi matin, a fait savoir l'Elysée.

Au cours de cet échange, il a notamment "souhaité que la concertation entre la France et la Russie se poursuive et s’intensifie pour ramener la paix et la stabilité en Syrie" tout en regrettant le "nouveau veto russe" au Conseil de sécurité.

Ce veto "a empêché une réponse unie et ferme pour mettre en place un mécanisme international d’établissement des responsabilités, de prévenir l’impunité et d’empêcher toute velléité de récidive du régime syrien", selon l'Elysée.

Le régime de Bachar al Assad dément toute implication dans l'attaque du 7 avril qui a fait selon des témoins et des sauveteurs plus de 60 morts et de près de mille blessés. La Russie dénonce elle "une mise en scène". (Marine Pennetier, avec Michelle Nichols aux Nations unies, édité par Yves Clarisse)