(Actualisé avec Etats-Unis sur Rakka)

ISTANBUL/BEYROUTH, 8 février (Reuters) - Des rebelles syriens soutenus par les forces armées turques ont pris le contrôle de collines stratégiques entourant la ville d'al Bab toujours aux mains des combattants de l'Etat islamique (EI) en Syrie, ont déclaré l'armée et le gouvernement turcs.

"Actuellement, la ville est assiégée de toutes parts. Les environs immédiats de la ville ont été pris", a déclaré le Premier ministre turc, Binali Yildirim, lors d'une conférence de presse à Ankara.

Dans un communiqué, l'armée précise que 58 djihadistes ont été tués lors de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'affrontements. Deux soldats turcs ont péri et 15 autres ont été légèrement blessés, selon le communiqué.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a affirmé que ces opérations avaient permis d'importants progrès et que la prochaine cible de l'armée turque serait Rakka, capitale de fait de l'EI en Syrie.

Les Turcs ont élaboré un plan de campagne détaillé pour chasser l'EI de Rakka et des discussions sont en cours sur ces opérations futures, a déclaré mercredi le porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan.

Ibrahim Kalin, qui s'adressait à la chaîne de télévision turque NTV, a fait état d'une meilleure coordination, ces dix derniers jours, avec la coalition internationale sous conduite américaine concernant les frappes aériennes. La priorité d'Ankara, a-t-il dit, est d'établir une zone de sécurité entre les villes syriennes d'Azaz (à 30 km au nord-ouest d'Alep) et de Djarablous (à la frontière turque).

L'armée américaine a déclaré mercredi qu'elle s'attendait à ce que les rebelles appuyés par les Etats-Unis réussissent à isoler Rakka dans les semaines à venir, ce qui serait le prélude à un assaut contre la ville.

LES DÉFENSES DE L'EI BRISÉES

"Ce que nous attendons, c'est que dans les semaines qui viennent, la ville soit presque totalement isolée, après quoi une décision serait prise pour attaquer", a déclaré le porte-parole de la coalition internationale, le colonel américain John dorrian.

En attendant, la bataille pour al Bab a ravivé la possibilité d'une confrontation directe entre l'armée turque et l'armée syrienne qui, progressant depuis Alep au sud, se trouve désormais à quelques kilomètres du théâtre des combats.

Un rebelle syrien et l'Observatoire syrien des droits de l'homme ont signalé la présence des forces rebelles alliées à la Turquie dans les faubourgs ouest d'al Bab, à une trentaine de kilomètres au sud de la frontière turque.

"Les défenses de l'Etat islamique ont été brisées lors de l'assaut de la nuit dernière et la progression se poursuit", a déclaré un représentant des rebelles turkmènes syriens s'exprimant dans la ville turque de Gaziantep.

La prise d'al Bab est un objectif majeur pour l'armée turque depuis le déclenchement de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" en août qui vise à sécuriser la zone frontalière en repoussant les djihadistes mais également à empêcher des gains territoriaux des miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).

L'Observatoire syrien des droits de l'homme a annoncé que les troupes turques et leurs alliés de l'Armée syrienne libre (ASL) avaient pris possession d'une colline à la périphérie occidentale de la ville.

"Nous ne savons pas si Daech est en mesure de la reconquérir ou si elle est en train de tomber", a commenté Rami Abdoulrahman, le directeur de l'OSDH.

Dans une vidéo transmise par un rebelle, trois combattants syriens appartenant à la faction Sultan Mourad, affirment s'exprimer depuis la périphérie d'al Bab. L'authenticité de cette information n'a pas pu être vérifiée de manière indépendante. (Nevzat Devranoglu à Ankara, Huleyra Pamuk à Istanbul et Tom Perry à Beyrouth; Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)