* Vladimir exhorte le consortium à vite se décider

* Discussions sur une éventuelle participation de Shell-sces

* Statoil pourrait quitter le consortium-source (Actualisé avec déclarations de Gazprom et Vladimir Poutine)

par Olesya Astakhova et Vladimir Soldatkin

MOSCOU, 25 mai (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a exhorté vendredi les membres du consortium chargé de développer le gisement gazier géant de Shtokman, dans l'Arctique russe, de prendre rapidement une décision ferme d'investissement et ainsi mettre fin à l'incertitude qui plane sur le projet depuis des années.

On apprenait le même jour de sources proches du dossier que Royal Dutch Shell pourrait entrer dans le consortium mené par Gazprom et ainsi lui donner un nouvel élan, alors que le doute plane sur la place du norvégien Statoil dans le projet.

Shtokman, situé en mer de Barents, est l'un des gisements gaziers les plus importants au monde avec des réserves estimées à près de 4.000 milliards de mètres cubes - suffisamment pour répondre à la demande mondiale de gaz sur une année environ.

Mais son lancement, qui pourrait nécessiter des investissements d'un montant de 15 milliards de dollars (12 milliards d'euros), a été par plusieurs fois retardé en raison de désaccords au sein du consortium réunissant Gazprom, qui détient 51% du projet, le français Total (25%) et Statoil (24%).

"Jusqu'à présent, il n'y a eu aucune décision définitive sur Shtokman, mais nous devons procéder plus activement", a déclaré Vladimir Poutine de sa résidence de Novo-Ogariovo, ajoutant qu'une décision pourrait être prise lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg en juin.

Vladimir Poutine s'implique activement dans la politique énergétique de la Russie, un secteur clé pour le pays compte vu l'ampleur de ses ressources naturelles.

Le directeur général de Gazprom a confirmé que le groupe russe recherchait d'autres partenaires pour le projet Shtokman, refusant toutefois de dire si Shell pourrait y entrer.

"Nous envisageons la possibilité de voir de nouveaux partenaires rejoindre le projet. Nous travaillons déjà avec Shell dans la sphère du gaz naturel liquéfié, sur d'autres projets", a dit Alexeï Miller à des journalistes.

Shell et Gazprom sont déjà partenaires dans Sakhaline-2, le seul site de gaz naturel liquéfié en Russie.

INCERTITUDE

"Des discussions portant sur la participation de Shell dans Shtokman sont en cours (...) Il y a plusieurs cas de figure passés en revue mais Gazprom gardera sa part de 51%", a dit à Reuters une source proche du consortium.

Citant ses propres sources, le journal russe Kommersant rapportait vendredi que Statoil pourrait quitter le consortium, ouvrant ainsi la voie à Shell.

Le groupe britannique s'est refusé à commenter l'information, tandis que le directeur général de Statoil a rappelé l'importance du projet, qu'il a qualifié de "pionnier".

Mercredi, une porte-parole de Total avait dit que le groupe pétrolier français entendait maintenir sa participation dans le projet. (voir )

Le titre Shell a terminé la séance de vendredi sur un gain de 0,1% à la Bourse de Londres, tandis que l'action Statoil a pris 1,3% à Oslo et que l'indice regroupant les valeurs pétrolières européennes a gagné 0,45%.

Gazprom avait annoncé il y a deux jours une modification pour le mois prochain de la composition du consortium Shtokman, renforçant l'incertitude sur l'avenir du projet.

Le gaz extrait du site de Shtokman devait à l'origine être livré aux Etats-Unis, mais la production de gaz de schiste en plein boom en Amérique du Nord a contraint le consortium à renoncer à ce débouché pour s'intéresser à d'autres marchés

De même, la tendance à la baisse de la demande gazière en Europe, principal marché de Gazprom, a incité Shtokman à réévaluer son projet de gazoduc pour se concentrer sur la production de gaz naturel liquéfié. (Natalie Huet, Blandine Hénault et Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Danielle Rouquié)

Valeurs citées dans l'article : TOTAL, Statoil ASA, Gazprom OAO