BRUXELLES/BERLIN (Reuters) - La Commission européenne a annoncé mardi que l'approvisionnement énergétique de l'Europe ne devrait pas être affecté par la décision allemande de suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l'Allemagne, en riposte à la reconnaissance par Moscou de l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens.

Un porte-parole de l'exécutif européen a en effet souligné que le projet n'était pas encore opérationnel et qu'il n'y avait ainsi aucun changement par rapport à la situation actuelle.

Nord Stream 2 "n'est pas une source d'énergie différente, c'est un pipeline différent pour un fournisseur existant (...)", a-t-il dit.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a gelé la certification du gazoduc après la décision du président russe Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des régions pro-russes de Donetsk et Louhansk.

"Il ne peut y avoir de certification du gazoduc et sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas commencer à fonctionner", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"Les services compétents du ministère de l'Economie vont procéder à une nouvelle évaluation de la sécurité de notre approvisionnement à la lumière de ce qui a changé ces derniers jours", a ajouté Olaf Scholz.

Le projet Nord Stream 2 a été achevé en septembre dernier mais il n'a pas été mis en service depuis lors, dans l'attente d'une certification allemande et européenne.

Il est censé permettre à la Russie de fournir à l'Allemagne deux fois plus de gaz en contournant l'Ukraine, pays de transit traditionnel, et en passant sous la mer Baltique.

La première économie d'Europe a fait valoir que Nord Stream 2 était avant tout un projet commercial visant à diversifier les sources d'approvisionnements de l'Europe.

Mais l'Allemagne s'est heurtée à l'opposition de l'Union européenne et des Etats-Unis, qui estimaient que ce projet renforcerait au contraire la dépendance énergétique du continent à l'égard de Moscou, tout en privant l'Ukraine de droits de passage et en la rendant plus vulnérable à une invasion russe.

Dans le contexte d'escalade des tensions en Ukraine, l'UE à rechercher d'autres sources d'approvisionnement en gaz ces derniers mois, notamment auprès des Etats-Unis, du Qatar, de l'Azerbaïdjan, du Nigeria, du Japon et de la Corée du Sud.

La Russie fournit actuellement environ 40% du gaz de l'Europe.

Le Premier ministre britannique et la Maison blanche ont salué les annonces d'Olaf Scholz.

Le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck a indiqué que l'approvisionnement en gaz était sécurisé même sans les livraisons supplémentaires qu'auraient apportées Nord Stream 2.

Il a toutefois souligné lors d'une conférence de presse que le prix du gaz était susceptible d'augmenter à court terme.

(Reportage Kate Abnett, Sarah Marsh et Madeline Chambers, avec Joseph Nasr, Andreas Rinke, Christoph Steitz et Reuters TV, version française Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)

par Kate Abnett