* La CE proposera des options concernant des euro-obligations

* France, Allemagne jugent qu'Athènes à sa place dans l'euro

* Les Brics, à part le Brésil, peu enthousiastes pour aider la zone euro

* Le plan d'austérité italien adopté au parlement (Actualisé avec téléconférence Merkel/Sarkozy/Papandréou, vote du parlement italien)

PARIS/BRUXELLES, 14 septembre (Reuters) - Après plusieurs journées de rumeurs de sortie de la Grèce de la zone euro, la France et l'Allemagne ont réaffirmé mercredi leur soutien à Athènes, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel s'étant déclarés "convaincus" que l'avenir du pays était au sein de la monnaie unique.

Dans un communiqué publié à l'issue d'une conférence téléphonique avec le Premier ministre grec George Papandreou, Paris et Berlin ont tout de même pressé la Grèce de mettre en oeuvre les mesures de redressement qu'elle s'est engagée à prendre dans le cadre du nouveau plan d'aide européen adopté fin juillet. (voir )

De son côté, le parlement italien a donné dans la soirée son approbation finale au plan d'austérité de 54 milliards d'euros mis au point par le gouvernement de Silvio Berlusconi pour sortir de la crise la troisième économie de la zone euro et équilibrer son budget d'ici à 2013.

Le soutien affiché à la Grèce et le vote des députés italiens a été interprété par des investisseurs comme des signes positifs en vue d'une résolution de la crise de la dette de la zone euro, puisque Wall Street ayant, comme les Bourses européennes, terminé nettement dans le vert.

Dans la journée, les intervenants sur le marché avaient déjà bien acccueilli les déclarations de la Commission européenne disant qu'elle ferait prochainement des propositions en vue d'introduire des euro-obligations, une annonce qui illustre le retour à la manoeuvre des responsables politiques pour tenter d'apporter des solutions à la crise de la dette.

La dégradation par l'agence Moody's des notes de crédit de deux des plus grandes banques françaises est venue illustrer les risques grandissants pour le secteur financier européen d'une aggravation de la crise. Moody's a notamment expliqué l'abaissement d'un cran de la note de Société générale et Crédit agricole . (voir )

De hauts responsables financiers européens ont exhorté les ministres à renforcer le capital des banques, tout en prévenant qu'une "crise systémique" de la dette souveraine affecte les établissements bancaires et fait planer la menace d'une nouvelle crise du crédit.

Dans des documents préparés par ces responsables en vue de la réunion Ecofin des 16 et 17 septembre - à laquelle participera exceptionnellement le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner - il est fait mention d'un "risque de cercle vicieux entre la dette souveraine, le financement des banques et la croissance négative", qui pourra provoquer un gel du crédit.

Parallèlement, la France et l'Allemagne ont réaffirmé leur opposition à l'émission d'euro-obligations.

A Paris, la ministre du Budget Valérie Pécresse a réaffirmé la position de la France, à savoir que ces titres obligataires ne pourraient être que "l'aboutissement d'un processus de consolidation de la zone euro" et une convergence des politiques budgétaires, et non un point de départ.

A Berlin, un porte-parole du ministère des Finances a déclaré que l'Allemagne y était toujours hostile et qu'elle attend de voir ce que la Commission européenne va proposer.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a déclaré dans la matinée devant le Parlement européen que la CE proposerait prochainement des options en vue de l'introduction d'euro-obligations. Il ne s'agirait à ce stade que d'un document technique listant les options disponibles et rien ne dit que les Etats membres de l'UE choisiront finalement de s'engager sur cette voie.

LES BRICS AUSSI RÉFLÉCHISSENT A UNE AIDE

José Manuel Barroso a cependant prévenu qu'en cas d'émission, des euro-obligations n'apporteraient pas de solution immédiate à tous les problèmes de l'Europe. Et le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn s'est voulu prudent en rappelant qu'une option s'apparentant à des euro-obligations avait été proposée en mai 2010 aux pays partageant la monnaie unique, qui l'avaient rejetée.

En fin de séance l'euro était proche de ses plus hauts du jour, à 1,3747 dollar.

Signe de la nervosité des investisseurs, les marchés d'actions européens avaient un moment effacé une bonne partie de leurs gains après des bruits d'un possible report du vote du second plan de sauvetage grec par le Parlement autrichien, prévu le 21 septembre mais retoqué en commission.

Les espoirs sont aussi venus mercredi des grands pays émergents regroupés dans le club des Brics, qui devraient prendre une décision sur la possibilité de venir en aide à la zone euro lors de leur réunion à Washington le 22 septembre, selon un responsable du ministère indien des Finances.

Les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont entamé des discussions préliminaires en vue d'une augmentation de leurs avoirs en obligations libellées en euro, avait déjà indiqué mardi soir à Reuters un responsable du gouvernement brésilien.

Par la suite, la proposition lancée par le Brésil de venir en aide à la zone euro a semblé ne recevoir qu'un accueil mitigé des autres pays "BRICs", qui peut s'expliquer à la fois par un manque de moyens financiers et une absence de volonté politique.

Un conseiller de la banque centrale chinoise a exhorté Pékin à ne pas acheter de trop grandes quantités d'obligations émises par des pays de la zone euroo tandis que le ministre des Finances sud-africain a laissé entendre que son pays ne disposait pas de suffisamment de ressources pour procéder à de tels achats.

L'Inde s'est dit "prudente" et la Russie semble ne pas encourager une initiative "Brics", un conseiller du président Dimitri Medvedev estimant que le G20 serait un lieu plus approprié pour traiter de la crise de la dette de la zone euro.

(Dominique Rodriguez, édité par Jean-Michel Bélot)