Moscou (awp/afp) - L'inflation en Russie, tirée depuis des mois par une forte hausse des prix des aliments de base, s'est stabilisée en mars à 5,8% sur un an, selon les chiffres publiés mardi par l'agence statistique Rosstat.

En février, l'inflation avait été de 5,7% sur un an, les prix à la consommation ayant commencé à grimper depuis mars 2020 - après des mois d'inflation historiquement basse - sur fond de crise pétrolière, de chute du rouble et de ralentissement économique mondial dû à la pandémie de Covid-19.

Si elle se stabilise, l'inflation reste importante pour les produits alimentaires (+8,2%), notamment les produits de base: le sucre a bondi de 48%, l'huile de tournesol de 27%.

Les prix mondiaux des denrées alimentaires de base ont augmenté en février pour le neuvième mois consécutif, atteignant leur plus haut niveau depuis juillet 2014 selon l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).

Cela résulte d'une hausse des prix des matières premières provoquée par les espoirs de reprise économique après la pandémie, mais aussi par une météo défavorable et des chaînes d'approvisionnement fragilisées par la crise du coronavirus.

En Russie, cette évolution s'accompagne d'une chute du pouvoir d'achat depuis des années et l'augmentation des prix rappelle des souvenirs douloureux aux Russes, marqués par l'inflation hors de contrôle et les supermarchés vides après l'effondrement de l'Union soviétique dans les années 1990.

Face à la grogne que cela peut provoquer, les autorités se penchent sur le problème depuis fin 2020, à l'approche notamment des élections législatives prévues en septembre 2021.

Le président Vladimir Poutine s'est inquiété publiquement de la forte augmentation des prix de certains produits alimentaires et a chargé le gouvernement de préparer des mesures pour les encadrer.

S'en sont suivies des annonces de quotas d'exportations sur les céréales ainsi que des prix à ne pas dépasser pour la vente en gros et au détail de sucre et d'huile de tournesol.

Des accords sur la stabilisation des prix du sucre ont été prolongés jusqu'au 1er juin 2021, et jusqu'au 1er octobre 2021 pour l'huile de tournesol, Vladimir Poutine déclarant qu'il n'y avait "rien de mal" à ce que les producteurs fassent moins de bénéfices.

Mais une polémique a éclaté, des voix s'élevant pour protester contre le contrôle des prix à l'instar du patron de la chaîne de supermarchés Lenta, Vladimir Sorokine, qui a affirmé au journal RBK que ces tentatives de réglementer les prix pourraient ruiner les plus grands détaillants aux marges déjà très faibles.

La Banque centrale russe se donne pour objectif de moyen terme une inflation de 4%. Pour juguler l'inflation, elle a relevé par surprise en mars son taux directeur pour la première fois depuis fin 2018.

afp/rp