Moscou (awp/afp) - Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé mercredi la reconduction à la tête de la banque centrale d'Elvira Nabioullina, qui a joué un rôle clé dans la crise récente avec des décisions parfois impopulaires mais saluées dans les milieux financiers.

M. Poutine a informé Mme Nabioullina, 54 ans, qu'il allait soumettre au Parlement sa candidature pour un deuxième mandat de cinq ans, lors d'une rencontre dont le Kremlin a publié le compte-rendu.

La nomination en 2013 de cette économiste reconnue et ancienne ministre, alors conseillère au Kremlin, avait créé la surprise et provoqué des craintes concernant l'indépendance de la Banque de Russie, institution respectée comme peu d'autres dans le pays.

Mais les milieux financiers ont, depuis, applaudi sa gestion de la grave crise monétaire qui a frappé le pays fin 2014 en raison de l'effondrement des cours du pétrole et des sanctions occidentales imposées à cause de la crise ukrainienne.

Sous Mme Nabioullina, la banque centrale a appliqué des méthodes parfois radicales et impopulaires parmi la population, les parlementaires et le patronat, jouant un rôle majeur dans le dispositif anticrise, en contraste avec un gouvernement parfois hésitant.

La banque centrale a laissé le rouble évoluer librement alors que, jusqu'alors, elle dilapidait ses réserves pour le soutenir, le laissant de facto plonger.

Pour juguler l'inflation, elle a augmenté drastiquement le taux directeur, le portant notamment à 17% lors d'une réunion d'urgence en pleine nuit en décembre 2014. Actuellement à 10%, il sera réexaminé vendredi.

Rouble faible et taux élevés, maintenus depuis, malgré les appels du gouvernement à un assouplissement, ont eu un coût très lourd pour les entreprises et les ménages. Mais pour de nombreux économistes, ils ont évité un naufrage financier et limité les dégâts économiques pour la Russie, lui permettant actuellement de renouer avec la croissance.

"Sous votre direction, la banque centrale a fait beaucoup pour stabiliser la situation économique, pour le développement stable du secteur bancaire et pour toute la sphère financière", a estimé mercredi Vladimir Poutine, lui demandant de continuer d'agir "aussi indépendamment".

Sa politique monétaire très dure semble payer puisque l'inflation, après avoir dépassé 15% pendant la crise, est revenue sous 5% sur un an, s'approchant de l'objectif de 4% de la banque centrale.

Mme Nabioullina a en outre accéléré la purge du secteur bancaire en fermant plus de 300 banques jugées trop fragiles, une tâche très sensible pouvant effrayer les épargnants et touchant souvent au blanchiment d'argent.

afp/rp