La plus haute cour européenne des droits de l'homme a statué en faveur d'un groupe de femmes suisses âgées qui affirmaient que leur gouvernement avait violé leurs droits humains en ne faisant pas assez pour lutter contre le changement climatique.

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a toutefois rejeté deux affaires similaires. La première avait été introduite par six jeunes Portugais contre 32 gouvernements européens et la seconde par l'ancien maire français d'une ville côtière de faible altitude contre le gouvernement français.

Voici les conclusions de la Cour et les réactions à son arrêt :

PRÉSIDENT DE LA COUR DES DROITS DE L'HOMME, SIOFRA O'LEARY :

"Il y a eu violation de l'article 8 de la Convention.

"La Cour estime que le processus de mise en place du cadre réglementaire national pertinent par les autorités suisses comportait des lacunes importantes. Il s'agit notamment de l'absence de quantification, par le biais d'un budget carbone ou autre, des limites nationales d'émissions de gaz à effet de serre."

"L'État défendeur n'a pas atteint ses objectifs antérieurs de réduction des émissions de gaz à effet de serre en n'agissant pas en temps utile et de manière appropriée et cohérente.

PORTE-PAROLE DU MINISTÈRE SUISSE DE L'ÉNERGIE

"Nous sommes sur la bonne voie. Nous faisons beaucoup."

ROSMARIE WYDLER-WALTI, L'UNE DES DIRIGEANTES DU GROUPE DE FEMMES SUISSES

"Nous n'arrivons toujours pas à y croire. Nous n'arrêtons pas de demander à nos avocats si c'est vrai. Et ils nous disent que c'est le maximum que vous auriez pu obtenir. La plus grande victoire possible.

JOIE CHOWDHURY, AVOCATE PRINCIPALE AU CENTRE À BUT NON LUCRATIF POUR LE DROIT INTERNATIONAL DE L'ENVIRONNEMENT

"Nous nous attendons à ce que cette décision influence l'action et les litiges en matière de climat dans toute l'Europe et bien au-delà. Il renforce le rôle vital des tribunaux - tant internationaux que nationaux - qui obligent les gouvernements à respecter leurs obligations légales en matière de protection des droits de l'homme contre les atteintes à l'environnement."

"Bien que nous n'ayons pas obtenu aujourd'hui des résultats idéaux dans les trois affaires, il s'agit dans l'ensemble d'un moment juridique décisif pour la justice climatique et les droits de l'homme.

SOFIA OLIVEIRA, REQUÉRANTE DANS L'AFFAIRE DES JEUNES PORTUGAIS

"J'espérais vraiment que nous gagnerions contre tous les pays, alors je suis évidemment déçue que cela ne se soit pas produit. Mais le plus important, c'est que la Cour a déclaré dans l'affaire des femmes suisses que les gouvernements doivent réduire davantage leurs émissions pour protéger les droits de l'homme. Leur victoire est donc une victoire pour nous aussi et une victoire pour tout le monde. (Reportage des bureaux de Reuters ; Rédaction de Richard Lough et Barbara Lewis)