(Répétition corrigée date)

par Paul-Marin Ngoupana

BANGUI, 1er janvier (Reuters) - Le président centrafricain François Bozizé a appelé mardi les rebelles du Séléka à déposer les armes et à le laisser mener son mandat de chef de l'Etat jusqu'à son terme en 2016.

Les insurgés, qui campent à 75 km de la capitale Bangui, accusent Bozizé d'être revenu sur un des accords de paix de 2007 qui prévoyait une indemnisation financière et un emploi pour les anciens combattants ayant accepté de déposer les armes.

"Je répète que je ne serai pas candidat lors de l'élection de 2016, donc laissez-moi terminer mon mandat. Il ne me reste que trois ans", a plaidé Bozizé lors de son message de voeux pour le Nouvel An diffusé à la radio en sango, la langue vernaculaire.

Le chef de l'Etat a profité de cette allocution pour critiquer l'armée régulière qui a enregistré une série de revers militaires depuis l'offensive des rebelles du Séléka il y a trois semaines. Il a en revanche salué le rôle de l'armée tchadienne venue à son secours.

"L'armée n'a pas joué son rôle. Sans l'armée tchadienne, nous ne serions plus ici pour nous exprimer", a déclaré cet ancien général. "Je demande pardon à tous ceux qui vivent dans les zones occupées par les rebelles".

Le président tchadien Idriss Déby, dont le pays est membre de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), a mis en garde les rebelles lundi de ne pas poursuivre leur progression au-delà de Damara, ville tenue par les forces gouvernementales à 75 km de Bangui.

Les dirigeants des pays de la région ont décidé d'envoyer 360 soldats supplémentaires pour soutenir l'armée centrafricaine et venant s'ajouter au demi-millier de militaires, principalement tchadiens, déjà déployés.

Les rebelles du Séléka hésitent désormais sur la stratégie à adopter : entamer des négociations avec le chef de l'Etat ou poursuivre leur marche en avant et renverser le président arrivé pouvoir à la faveur d'une insurrection en 2003.

DIVISIONS

François Bozizé s'est dit prêt dimanche à former un gouvernement de coalition avec les rebelles et a accepté le principe de pourparlers de paix au Gabon sans conditions préalables. (voir

"Actuellement, il y a des divisions au sein du Séléka sur ce point", a déclaré Nelson Ndjadder, un responsable basé en France du CPSK, un des trois principaux mouvements qui constituent le Séléka.

"Certains veulent continuer le combat, mais le CPSK est prêt à déposer ses armes et à discuter", a-t-il ajouté.

Un autre porte-parole du Séléka, Eric Massi, a déclaré dans la journée avoir rejeté la proposition de François Bozizé. Mais, a précisé Nelson Ndjadder, "il (Massi) ne parle pas en notre nom à tous."

Le Séléka regroupe trois anciens groupes de rebelles : le CPJP, l'UFDR et le CPSK.

A Washington, on se dit "profondément inquiets de la détérioration de la situation en matière de sécurité", selon la porte-parole du département d'État.

"Nous appelons la coalition rebelle à cesser les hostilités et sa progression vers la capitale (...) Nous exhortons le gouvernement centrafricain à s'assurer que ses forces de sécurité respectent les droits de l'homme", a déclaré Victoria Nuland.

A Bruxelles, l'Union européenne a invité dans un communiqué le gouvernement et les insurgés à s'entendre et a condamné les attaques commises contre des Banguissois ces derniers jours.

"J'appelle immédiatement les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser sans délai toutes les exactions visant la population des faubourgs de Bangui et qui sapent les perspectives d'un dialogue pacifique", a déclaré Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne.

Elle n'a pas fourni de précisions mais un porte-parole du Séléka a fait état d'informations sur des attaques de partisans de l'opposition par les forces de l'ordre et une milice de jeunes proche du pouvoir.

La République centrafricaine figure parmi les nombreux pays de la région où sont déployées des forces américaines en soutien aux autorités locales dans leur combat contre l'Armée de résistance du seigneur (LRA), groupe rebelle qui a fait des milliers de morts dans quatre pays.

La CEEAC compte par ailleurs 5.000 soldats dans le pays qui figure parmi les plus pauvres de la planète malgré d'importants gisements d'uranium, d'or et de diamants.

La France, qui n'a pas répondu favorablement à la demande du président François Bozizé d'une aide militaire, a cependant renforcé sa présence à Bangui: quelque 600 soldats s'y trouvent afin d'assurer la sécurité de 1.200 ressortissants français. (Avec Ange Aboa à Bangui et Richard Valdmanis à Dakar; Danielle Rouquié, Agathe Machecourt, Pierre Sérisier et Jean-Loup Fiévet pour le service français)