(Mastic §1)

* Machar veut que ses alliés soient libérés

* Kiir se dit prêt à négocier mais sans conditions préalables

* Juba prévoit une offensive sur Bor et Bentiu

* Ban Ki-moon veut que l'Onu envoie 5.000 autres casques bleus-sces

par Carl Odera et Aaron Masho

JUBA, 23 décembre (Reuters) - L'ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar, à qui sont fidèles les rebelles contre le président Salva Kiir, s'est dit lundi prêt à négocier avec Juba, à condition que les autorités libèrent ses alliés politiques.

L'envoyé des Etats-Unis sur place, Donald Booth, a ensuite rapporté que Salva Kiir était prêt à négocier, mais "sans conditions préalables", alors que Juba a annoncé son intention de lancer une offensive d'envergure pour reprendre Bor et Bentiu, deux localités stratégiques tombées aux mains des rebelles.

Bor est situé à environ 400 km au nord de Juba, dans l'Etat du Jonglei, et Bentiu se trouve à quelque 600 km de la capitale, dans l'Etat d'Unité.

La communauté internationale et les pays d'Afrique de l'Ouest, qui ont dépêché une médiation, craignent que les combats dégénèrent en conflit ethnique entre l'ethnie Dinka, dont est issu Salva Kiir, et les Nuer, auxquels appartient Riek Machar.

Les affrontements entre partisans du chef de l'Etat et de son ancien vice-président, limogé en juillet, ont éclaté le 15 décembre à Juba, capitale du plus jeune Etat d'Afrique, indépendant depuis 2011.

Le ministre de l'Information, Michael Makuei, a pour l'heure révélé le projet du pouvoir de passer à l'attaque en raison de l'absence des insurgés à la table de négociations.

"Nous n'allons certainement pas libérer quiconque est accusé de coup d'Etat", a prévenu le ministre, alors que Riek Machar a dit à Reuters avoir fait une demande en ce sens après un entretien avec Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale des États-Unis, et Hilde Johnson, envoyée de l'Onu.

"Mon message était le suivant : laissons Salva Kiir libérer mes camarades en détention et les laisser gagner Addis-Abeba", a expliqué Riek Machar. "Alors, nous pourrons immédiatement ouvrir un dialogue parce qu'il s'agit précisément de ceux qui participeront au dialogue".

L'ONU COMPTE PLUS DE 40.000 RÉFUGIÉS

Parmi les personnalités dont il souhaite la libération, l'ancien vice-président a cité Pagan Amum, ancien négociateur en chef avec le Soudan sur les questions pétrolières, et Rebecca de Mabior, veuve de John Garang, l'un des principaux artisans de l'indépendance sud-soudanaise, acquise six ans après sa mort.

Riek Machar a ajouté que ses partisans contrôlaient les gisements pétroliers des Etats d'Unité et du Haut-Nil et qu'il ne souhaitait pas arrêter la production, mais Juba affirme également contrôler tous les sites du pays.

Sur le plan international, des diplomates ont rapporté que Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, devrait demander au Conseil de sécurité de l'Onu d'envoyer 5.000 casques bleus de plus au Soudan du Sud, et que cette résolution serait probablement adoptée mardi.

L'Onu accueille désormais 42.000 réfugiés civils à travers le Soudan du Sud, selon son porte-parole sur place Joe Contreras, alors que deux casques bleus indiens et 11 membres de l'ethnie Dinka ont été tués la semaine dernière lors de l'assaut d'une base des Nations unies, dans le Jonglei, par des milliers de jeunes en armes.

"À ceux qui essaient de nous intimider ou qu nous ont attaqués, le message est fort et clair : nous sommes ici pour servir le peuple du Soudan du Sud et aucune circonstance ne nous fera quitter le pays", a dit Joe Contreras.

Un calme tendu prévaut à Juba. Le porte-parole de l'Onu a fait état d'informations sur des affrontements entre des factions rivales de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) à environ 25 km à l'est de la capitale.

Les Etats-Unis ont annoncé de leur côté qu'ils repositionnaient leurs forces en Afrique, afin de se tenir prêts à de nouvelles évacuations de ressortissants américains ou d'autres pays. (avec Edmund Blair à Nairobi; Jean-Loup Fiévet et Julien Dury pour le service français)