(Actualisé avec de nouvelles réactions)

NEW YORK, 16 août (Reuters) - France et Allemagne ont proposé mardi la mise en place d'une gouvernance économique commune de la zone euro et une taxe sur les transactions financières pour tenter de résoudre la crise de la dette en Europe.

Comme attendu, le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel se sont abstenus de proposer la création d'euro-obligations ou l'augmentation du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

L'euro a réduit ses pertes face au dollar après ces propositions. [ID:nWEA0869] Sur le marché obligataire, les Bunds se sont retournés à la hausse après les déclarations de Nicolas Sarkozy disant qu'il n'était pas nécessaire d'augmenter la taille du FESF.

Voici les premières réactions d'intervenants sur les marchés financiers :

ANDREW WILKINSON, ANALYSTE MARCHÉS, INTERACTIVE BROKERS, GREENWICH:

"Les investisseurs attendaient une solution de grande ampleur à la crise de la dette de la zone euro. Au vu de ce qui a été dit, je ne pense pas qu'on soit arrivé à grand-chose. Les investisseurs veulent une certaine harmonisation de l'émission de dette souveraine et rien n'est dit à ce sujet."

MOHAMED EL-ERIAN, CO-RESPONSABLE EN CHEF INVESTISSEMENT, PACIFIC INVESTMENT MANAGEMENT, NEWPORT BEACH:

"C'est un message fort de l'Allemagne et de la France et qui est que la zone euro doit s'occuper avant tout de poursuivre l'intégration économique et la discipline budgétaire générale et non pas financer encore les économies périphériques."

MARC CHANDLER, CHEF STRATEGIE CHANGES, BROWN BROTHERS HARRIMAN:

"Beaucoup d'interrogations émergent de ce sommet; nous n'avons rien vu qui traite des problèmes de la France et rien non plus sur le fait que le Fonds européen de stabilité financière n'a pas encore assez de ressources pour racheter de la dette et sur la manière dont la zone euro peut relancer la croissance.

"C'est mi-figue, mi-raisin et je m'interroge sur le soutien que cela suscitera. Il s'agit essentiellement d'un protectorat franco-allemand qui veut imposer sa volonté à tout le monde. Les marchés n'attendaient pas grand-chose, et de ce point de vue il est évident qu'ils ont été pleinement satisfaits."

FRED DICKSON, ANALYSTE TECHNIQUE, D.A. DAVIDSON & CO, LAKE OSWEGO

"Je ne pense pas que les marchés financiers attendaient un signal fort parce qu'aussi bien Nicolas Sarkozy qu'Angela Merkel avaient dit qu'ils n'allaient pas envisager la création d'euro-obligations. Leur communiqué commun semble montrer qu'il y a suffisamment de soutien pour qu'ils puissent gérer la situation actuelle."

EDWARD MEIR, ANALYSTE MATIERES PREMIERES, MF GLOBAL, NEW YORK

"A mon avis, le point principal à retenir est que les dirigeants de la zone euro veillent et qu'ils prennent les choses au sérieux. Cela donnera un peu d'air aux marchés et devrait être légèrement positif sur le court terme.

"Mais il apparaît que les deux principaux points n'ont pas été abordés : la possibilité d'une euro-obligation et la taille du FESF. A son niveau actuel de 450 milliards d'euros, il pourrait être facilement épuisé si l'un des grands pays est en difficulté."

DOUGLAS BORTHWICK, DIRECTEUR GENERAL CHEZ FAROS TRADING, STAMFORD

"Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont entièrement raison de dire que des euro-obligations ne seraient pas d'un grand secours aujourd'hui. Et ceci parce que l'Europe doit encore faire passer quantité de lois avant qu'un tel instrument ne soit possible. A notre sens, la conférence de presse d'aujourd'hui pose les fondations d'une union budgétaire européenne. Cette union doit d'abord être mise sur pied et puis, comme l'a dit Nicolas Sarkozy, il pourrait y avoir une étape finale dans l'intégration. Il faut d'abord réunir les ingrédients avant de mettre à cuire le gâteau et c'est exactement ce que font l'Allemagne et la France avec leurs discussions."

FABIAN ELIASSON, CHEF CHANGES US, MIZUHO CORPORATE BANK, NEW YORK:

"L'euro réagit plutôt positivement. Le marché attendait peut-être un peu plus mais c'est un premier pas plutôt costaud."

RICHARD FRANULOVICH, STRATEGE CHANGES, WESTPAC, NEW YORK:

"Sarkozy parle de gouvernance commune de la zone euro, ce qui me paraît une étape supplémentaire vers l'union budgétaire. C'est globalement positif pour l'euro. Toutefois, la taxation des transactions financières n'est pas bonne pour les banques de la zone euro. Dans l'ensemble toutefois, la consolidation budgétaire est plus importante et cela vient étayer l'euro."

(Benoit Van Overstraeten et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)