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par Christine Kim

SEOUL, 11 février (Reuters) - La délégation nord-coréenne aux Jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud a eu des entretiens "francs et sincères" avec le président sud-coréen Moon Jae-in, écrit dimanche l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA, sans mentionner d'invitation de la Corée du Nord au président Moon pour un sommet.

Une lettre personnelle du numéro un nord-coréen Kim Jong-un a été remise "courtoisement" par sa soeur cadette Kim Yo-jong au président Moon Jae-in samedi lors des discussions, écrit KCNA. La jeune femme a également parlé au président Moon de "l'intention" de son frère, ajoute KCNA sans préciser ce que ce terme recouvrait.

La présidence sud-coréenne avait annoncé samedi que lors des discussions et du repas qui avaient eu lieu à la Maison bleue (la présidence) à Séoul, le président Moon avait été invité à Pyongyang pour des entretiens avec Kim Jong-un et que le dirigeant nord-coréen souhaitait que cette rencontre ait lieu "à une date proche".

Le président sud-coréen a répondu, selon le porte-parole de la Maison bleue, Kim Eui-kyeom : "Créons le contexte pour que cela soit possible de se produire".

Une visite de Moon Jae-in en Corée du Nord constituerait le premier sommet entre les deux Corées depuis 2007.

Selon la dépêche de l'agence KCNA, le président Moon a déclaré que les relations intercoréennes devaient être rétablies par les parties concernées "quel qu'en soit le prix comme indiqué par (...) Kim Jong-un lors de son discours du Nouvel an".

Kim Jong-nam, qui dirige la délégation de la Corée du Nord aux JO et a la fonction honorifique de chef de l'Etat, a déclaré que "même les difficultés et les épreuves qui n'étaient pas prévues pouvaient sûrement être surmontées et l'avenir de la réunification être engagé plus tôt (que prévu) quand on a la ferme volonté et le courage et la détermination d'entrer dans un nouvel âge d'or des relations inter-coréennes."

"VISAGES AMICAUX"

Signe d'égard particulièrement rare envers des invités étrangers, Moon Jae-in a rencontré à quatre reprises Kim Yo-jong durant les trois jours de visite de la délégation nord-coréenne. Le secrétaire général de la présidence sud-coréenne a donné un dîner d'adieu à la délégation, dimanche, avant qu'elle n'assiste à un concert d'un orchestre nord-coréen, dernier point à son programme avant qu'elle ne regagne le Nord.

"Je n'avais jamais pensé que je me rendrais (au Sud) si rapidement, et je croyais que beaucoup de choses paraîtraient étrangères et différentes, mais j'ai vu bien des choses qui sont similaires, voire les mêmes", a dit Kim Yo-jong lors d'un toast, au dîner de dimanche, en ajoutant qu'elle aimerait voir tous ces "visages amicaux" un jour à Pyongyang.

Un peu plus tôt, le Premier ministre sud-coréen avait reçu la délégation de Pyongyang à déjeuner dans un hôtel cinq étoiles de l'est de Séoul.

Le vice-président américain, Mike Pence, qui a quitté pour sa part samedi la Corée du Sud à destination de Washington, a assuré que les Etats-Unis, le Japon et Séoul n'avaient pas une once de désaccord sur la nécessité d'isoler la Corée du Nord eu égard à son programme nucléaire.

"Il n'y a pas la moindre divergence entre les Etats-Unis, la République de Corée et le Japon sur la nécessité de continuer d'isoler la Corée du Nord, économiquement et diplomatiquement, jusqu'à ce qu'elle renonce à ses programmes nucléaire et balistique", a-t-il dit aux journalistes lors de son vol retour vers les Etats-Unis.

Selon un responsable américain, même si Moon Jae-in n'a pas évoqué samedi avec Mike Pence l'invitation à se rendre à Pyongyang, il a dit très clairement que l'on ne pourrait envisager de relâcher la pression sur la Corée du Nord que lorsqu'elle aurait concrètement commencé à prendre des mesures allant vers une dénucléarisation.

Le principal parti de l'opposition sud-coréenne a estimé que tout dialogue intercoréen dont le préalable ne serait pas le démantèlement du programme nucléaire du Nord ne ferait que "profiter à l'ennemi".

Au Japon, la presse s'est montrée elle aussi inquiète, estimant que le dialogue intercoréen serait dénué de sens s'il ne débouchait pas sur une dénucléarisation de la péninsule coréenne. (Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)