Les dirigeants des 20 plus grandes économies du monde ont conclu un sommet dans la capitale indienne dimanche, surmontant de profondes divisions sur la guerre en Ukraine pour produire un document de consensus et aller de l'avant sur des questions telles que la refonte d'institutions comme la Banque mondiale.

Ils ont également admis officiellement l'Union africaine au sein du bloc afin de rendre le groupement plus représentatif.

UN LANGAGE PLUS SOUPLE SUR LA GUERRE EN UKRAINE

Les pays du G20 ont convenu que les États ne pouvaient s'emparer de territoires par la force et ont souligné les souffrances du peuple ukrainien, mais ont évité de critiquer directement la Russie pour la guerre. Cette déclaration a été perçue comme un assouplissement apparent de la position adoptée par le G20 l'année dernière, lorsqu'il avait condamné la Russie pour la guerre et exigé qu'elle se retire de l'Ukraine.

Les diplomates ont déclaré que la Russie n'aurait jamais accepté une condamnation pure et simple et qu'il s'agissait tout de même d'un résultat positif, car tout le monde, y compris la Russie, s'est engagé à ne pas s'emparer d'un territoire par la force.

L'Inde, pays hôte, ainsi que le Brésil, l'Indonésie et l'Afrique du Sud, ont joué un rôle clé pour éviter une scission du G20 à cause du conflit ukrainien, ont déclaré des responsables, ce qui reflète le pouvoir croissant des pays en développement du Sud au sein du groupe.

L'UNION AFRICAINE AU SEIN DU CLUB

L'Union africaine, qui compte 55 membres, est officiellement devenue membre permanent du G20, au même titre que l'Union européenne, afin de rendre le groupe plus représentatif. Jusqu'à présent, seule l'Afrique du Sud était membre du G20. L'entrée de l'UA permettra aux pays du Sud de mieux se faire entendre au sein du G20, où les pays du G7 ont longtemps joué un rôle dominant.

Cette décision intervient également après que les BRIC, un autre groupe dominé par la Chine et la Russie, ont été élargis à l'Arabie saoudite et à l'Iran, entre autres, ce qui a été perçu comme une tentative de Pékin d'en faire une alternative possible au G20.

LES ÉTATS-UNIS, L'ARABIE SAOUDITE ET L'INDE S'ASSOCIENT POUR CRÉER UN CORRIDOR DE TRANSPORT

Les dirigeants des États-Unis, de l'Inde et de l'Arabie saoudite, entre autres, ont annoncé leur intention d'établir des liaisons ferroviaires et portuaires entre le Moyen-Orient et l'Asie du Sud, puis l'Europe, ce que le président américain Joe Biden a qualifié de "très important".

L'administration Biden cherche à contrer l'initiative chinoise "Belt and Road" sur les infrastructures mondiales en présentant Washington comme un partenaire et un investisseur alternatif pour les pays en développement au sein du G20.

Mais aucun détail n'a été donné sur le financement ou le calendrier du projet, qui prévoit la construction de lignes de chemin de fer au Moyen-Orient et leur raccordement à l'Inde par voie portuaire.

DES PROGRÈS PROGRESSIFS EN MATIÈRE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les dirigeants du G20 se sont mis d'accord pour tripler la capacité des énergies renouvelables à l'échelle mondiale d'ici à 2030 et ont reconnu la nécessité de réduire progressivement la production d'électricité à partir de charbon, mais n'ont pas fixé d'objectifs climatiques majeurs.

Le groupe n'a présenté aucun plan visant à modifier les politiques et les objectifs existants afin d'atteindre l'objectif de montée en puissance des énergies renouvelables. Il a également indiqué qu'il faudrait 4 000 milliards de dollars par an pour financer la transition vers l'énergie verte, mais n'a défini aucune voie pour y parvenir.

Les délibérations du G20 sont suivies de près avant le sommet des Nations unies sur le climat COP28 qui se tiendra aux Émirats arabes unis plus tard dans l'année.

MODI RENFORCE SA POSITION ALORS QUE LE GRAND MOMENT DE L'INDE ARRIVE

Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, la direction du G20 a été l'occasion, tout au long de l'année, de présenter l'Inde comme une puissance diplomatique et économique influente et de stimuler les flux d'investissement et de commerce dans le pays le plus peuplé du monde.

Le G20 lui a également offert une plateforme pour renforcer sa position dans son pays, alors qu'il cherche à obtenir un troisième mandat lors des élections qui se dérouleront dans les prochains mois. L'image de Modi a été affichée sur les panneaux d'affichage du G20 dans toute la capitale et dans le nouveau lieu de conférence, vaste et luxueux. Pour ses partisans, l'issue positive du sommet montre que le grand moment de l'Inde est arrivé. (Reportage de Sanjeev Miglani ; Rédaction de Kim Coghill)