(Nouvelle actualisation avec les propos de Poutine)

par Polina Nikolskaya et Andrey Ostroukh

SAINT-PETERSBOURG, Russie, 2 juin (Reuters) - Vladimir Poutine a jugé vendredi qu'il était toujours temps à son avis d'obtenir un accord mondial sur le changement climatique, au lendemain de l'annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat.

Le président russe, qui s'exprimait au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, sans vouloir juger son homologue américain pour sa décision, a estimé que Washington aurait pu rester partie à l'Accord de Paris, en modifiant l'importance des engagements américains dans le cadre du traité.

"L'Accord (de Paris) est un bon accord. C'est un document valable qui vise à résoudre un des problèmes mondiaux actuels", a déclaré Vladimir Poutine.

Le maître du Kremlin, qui cherche à raccommoder des relations entre les Etats-Unis et la Russie qui se sont dégradées ces dernières années, a estimé qu'il ne servait à rien de s'apesantir sur la décision du président américain qui a peut-être jugé que les conditions requises, notamment sur le plan financier, pour respecter l'accord, n'étaient pas réunies.

Il vaut mieux désormais essayer de réfléchir au type d'accord sur le climat qui conviendrait, a-t-il déclaré.

"Il faut créer les conditions d'un travail commun parce que si les gros émetteurs de gaz à effet de serre comme les Etats-Unis ne participent pas du tout, nous serons incapables de nous mettre d'accord et de signer un texte à ce sujet", a déclaré Vladimir Poutine.

La Russie est le plus important pays émetteur de gaz à effet de serre à ne pas avoir encore ratifié l'accord conclu en décembre 2015 à Paris.

Selon Vladimir Poutine, la Russie a décidé de réduire ses propres émissions de 70% par rapport à ce qu'elles étaient en 1990, mais elle n'a pas ratifié l'Accord de Paris parce qu'elle attend encore un certain nombre de précisions techniques sur la mise en oeuvre du traité.

INAPPLICABLE ?

Le président russe a rappelé que l'accord nécessitait que les pays modernisent leur industrie, ce qui devrait coûter aux grandes entreprises des milliards de dollars et entraîner des suppressions d'emplois, éventualité qui, a-t-il dit, doit être correctement anticipée.

Il a par ailleurs été question en Russie de mettre en place une politique de développement faiblement consommatrice de carbone, ce qui a fait dire à certains militants écologiques que la Russie ne ratifierait jamais l'Accord de Paris.

Le vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch a déclaré vendredi qu'il ne pensait pas que la décision prise par Donald Trump soit de nature à modifier l'engagement de la Russie.

"Nous avons pris la décision de rejoindre (l'Accord) et je ne crois pas que nous en (changerons)", a déclaré Arkadi Dvorkovitch, cité par l'agence de presse RIA.

"L'Accord représente simplement un signe de l'unité des pays autour d'un certain thème", a-t-il toutefois ajouté. "Je ne pense pas que quiconque doute que les Américains feront une politique environnementale. Nous ferons tout à fait ça aussi, que nous soyons partie à l'accord ou pas."

Un conseiller du Kremlin, Andreï Beloussov, également présent au forum, a déclaré à la presse que le retrait américain creusait un trou béant dans le traité et le rendait inapplicable.

"Je pense que c'est une grande honte parce qu'on ne devrait pas changer les décisions qui ont été prises", a-t-il dit.

"Il est évident que sans la participation des Etats-Unis, l'Accord de Paris sera inapplicable parce que les Etats-Unis sont l'un des principaux générateurs d'émissions."

Le porte-parole de Vladimir Poutine a déclaré jeudi que Moscou attachait "une grande importante" à l'Accord de Paris, quoi que les Etats-Unis puissent faire. (Avec Vladimir Soldatkin, Dmitri Soloviov et Alexander Winning, Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)