(Actualisé avec graphique)

* Les grands indices tentent un rebond puis replongent

* Pire semaine pour le Dow Jones depuis octobre 2008

* Le Nasdaq officiellement en "bear market"

* La menace d'un "shutdown" renforce l'aversion au risque

* Le "jour des quatre sorcières" génère de la volatilité

* Les valeurs technologiques de nouveau sanctionnées

* Le dollar en hausse, les rendements obligataires stables

21 décembre (Reuters) - Wall Street a terminé vendredi en net repli une semaine douloureuse pour les actions américaines, marquée par la plus forte baisse hebdomadaire en pourcentage pour le Dow Jones depuis octobre 2008.

Quant au Nasdaq, qui a perdu près de 3% avec de nouveaux dérapages pour les grosses valeurs technologiques, il confirme sa présence en "bear market", pour la première fois depuis 10 ans, avec un recul de 21,9% par rapport à son record du 29 août.

Extrêmement volatile, la séance avait pourtant bien commencé avec des signaux accommodants venus de la Réserve fédérale mais la menace d'une fermeture des administrations fédérales et les craintes pour la croissance mondiale ont vite pris le dessus, le tout dans un climat peu propice à la prise de risque à l'approche de Noël.

Pour ne rien arranger, ce troisième vendredi de décembre était un "jour des quatre sorcières", avec l'expiration simultanée d'options et de contrats à termes sur les indices et les actions, une échéance traditionnellement génératrice de volatilité.

L'indice Dow Jones a cédé 414,23 points, soit 1,81%, à 22.445,37 points.

Le S&P-500, plus large, a perdu 50,84 points, soit 2,06%, à 2.416,58.

Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 195,41 points (2,99%) à 6.333 points.

La présence de ce dernier indice en "bear market" fait craindre que la séquence de hausse ("bull market") des marchés d'actions américains, enclenchée il y a 10 ans, soit sur le point de s'achever.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow a perdu 6,87%, sa pire performance hebdomadaire depuis octobre 2008, le S&P-500 7,05% et le Nasdaq 8,36%.

"La Chine ralentit, la zone euro aussi et certains indicateurs américains ont fléchi un peu récemment mais la Fed a tout de même relevé ses taux et signalé deux hausses en 2019", rappelle l'analyste Michael Hewson (CMC Markets) pour résumer le contexte. "Et la menace d'un "shutdown" n'aide pas non plus".

Les grands indices ont brièvement salué les propos du président de la Fed de New York, John Williams, soulignant que la banque centrale était à l'écoute des marchés et n'excluait pas de modifier sa politique monétaire en cas de besoin.

Mais la tentative de rebond a fait long feu, la principale préoccupation des investisseurs restant la menace d'un "shutdown", une fermeture des administrations fédérales, brandie par le président Donald Trump en cas de refus du Sénat de voter les crédits nécessaires à la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

VALEURS

Les technologiques et autres valeurs de croissance ont été lourdement sanctionnées au profit des compartiments défensifs sur fond de craintes entourant la croissance mondiale.

Les géants d'internet, déjà en "bear market", soit un repli de 20% ou plus par rapport au dernier pic sur un an, ont souffert une nouvelle fois, à l'image d'Alphabet (-3,16%), Amazon (-5,71%) ou encore Facebook (-6,33%).

Par leur faute, l'indice NYSE FANG+TM vient de vivre sa pire semaine depuis sa création fin 2014.

LES INDICATEURS DU JOUR

Avant les déclarations de John Williams, Wall Street avait tenté de repartir de l'avant après les chiffres révisés du produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre: si la croissance a été revue en baisse à 3,4% en rythme annualisé, elle reste compatible avec l'objectif d'une expansion de 3% sur l'ensemble de l'année.

Les chiffres des revenus et dépenses des ménages américains ont par ailleurs montré que la consommation était restée dynamique en novembre.

Les résultats définitifs de l'enquête de confiance de l'université du Michigan font quant à eux ressortir une petite amélioration du moral des ménages.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé mais toutes au-dessus de leur plus bas du jour, l'amorce de rebond dans les premiers échanges à Wall Street leur ayant permis de regagner du terrain.

À Paris, le CAC 40, qui perdait plus de 1,3% au plus bas en matinée, à un creux depuis décembre 2016, a terminé en hausse de 0,04% (1,92 point) à 4.694,38 points. A Londres, le FTSE 100 a cédé 0,03% et à Francfort, le Dax a progressé de 0,21%.

L'indice EuroStoxx 50 a grappillé 0,02% et le Stoxx 600 0,03%, le FTSEurofirst 300 ayant reculé pour sa part de 0,17%.

Sur l'ensemble de la semaine, le Stoxx 600 perd toutefois 3,04% et le CAC 40 3,28%.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar regagne du terrain après les pertes subies jeudi au lendemain des décisions de la Fed, profitant du regain d'aversion au risque lié à la volatilité des marchés actions et au risque de "shutdown".

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations de la monnaie américaine face à un panier de six devises de référence progresse de 0,75%.

L'euro cède 0,64% face au billet vert et revient à 1,14 dollar, s'éloignant du pic d'un mois et demi touché jeudi à 1,1486.

TAUX

Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, finit la semaine juste au-dessus de la barre de 0,25%, en légère hausse sur la journée après le plus bas de près de sept mois touché la veille à 0,20%.

La séance sur les marchés obligataires européens a aussi été marquée par une remontée des rendements italiens, de plus de dix points pour le dix ans à 2,855%, après l'annonce d'une baisse du moral des ménages et des chefs d'entreprise en Italie.

Du côté des emprunts d'Etat américains, le rendement des Treasuries à 10 ans est stable, autour de 2,78%.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont encore terminé en baisse sur le marché new-yorkais Nymex, la surabondance de l'offre mondiale et l'approche des fêtes de fin d'année décourageant les acheteurs.

Le contrat février sur le baril de Brent a cédé 53 cents (0,98%) à 53,82 dollars. Il a touché en séance 52,79 dollars, son plus bas niveau depuis septembre 2017 avant de réduire ses pertes.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de même échéance s'est retourné à la baisse en séance pour finalement perdre 29 cents (0,63%) à 45,59 dollars le baril.

L'un comme l'autre ont perdu plus de 10% sur la semaine.

A SUIVRE LUNDI:

La journée de lundi, veille de Noël, s'annonce pour l'instant calme, même si la menace de "shutdown" à Washington reste présente. La séance sera écourtée sur les marchés européens comme à Wall Street.

* GRAPHES-Les marchés tournent le dos à leur pire année depuis 2008

* GESTION-Sorties massives sur les actions, toujours pas de signal d'achat-BAML

(Patrick Vignal pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Amazon.com, Facebook, Alphabet