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MADRID, 3 juin (Reuters) - Le nouveau chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, travaille à la constitution d'un cabinet minoritaire dans lequel ne figurera pas de ministres appartenant au parti de gauche Podemos, a indiqué une de ses conseillères dimanche.

Investi cette semaine après la chute du conservateur Mariano Rajoy dont le Parti populaire (PP) a été condamné par la justice dans une affaire de corruption, le dirigeant socialiste devrait lui aussi constituer un gouvernement minoritaire.

Interrogée pour savoir si Pedro Sanchez porté au pouvoir par une alliance hétéroclite envisageait d'inclure des personnalités de Podemos dans son cabinet, la porte-parole du dirigeant Margarita Robles a répondu : "non, non, la position de Pedro Sanchez est claire. Ce sera un gouvernement du parti socialiste, un gouvernement de minorité".

Avec seulement 84 députés sur 350, le Parti socialiste espagnol (PSOE) se trouve en position minoritaire et des incertitudes planent sur la capacité de Pedro Sanchez à conserver son poste jusqu'à la mi-2020, date des prochaines élections législatives.

Podemos, qui a soutenu la motion de défiance déposée par le PSOE contre Mariano Rajoy, souhaite participer au gouvernement afin de faire entendre sa voix en faveur d'une politique sociale plus généreuse et d'un renforcement de la réglementation et de la fiscalité des banques.

Avec seulement 84 élus au Congrès des députés, le gouvernement socialiste sera "plus instable qu'un gouvernement incluant d'autres forces politiques", a commenté Pablo Echenique, membre du parti anti-austérité, devant les journalistes.

Jose Luis Abalos, autre proche conseiller de Pedro Sanchez, a indiqué à la chaîne de télévision La Sexta que le gouvernement devrait être connu en milieu de semaine prochaine et qu'il pourrait comporter des personnalités indépendantes.

Abalos a rappelé que les partis politiques qui avaient contribué à la chute de Rajoy, y compris les formations régionalistes catalane et basque, étaient tous opposés à des élections anticipées.

Les analystes économiques disent ne pas s'attendre à ce que le gouvernement Sanchez, affaibli, soit en mesure de mettre en oeuvre des changements politiques majeurs.

"Le nouveau gouvernement va être très faible", jugent des analystes chez Natixis. "Il risque de subir de manière constante la pression continue des partis régionalistes et séparatistes. L'espérance de vie de ce gouvernement pourrait être très courte".

Alors que la crise catalane risque d'être un dossier sensible pour le gouvernement Sanchez, ce dernier pourra malgré tout compter sur un cycle économique positif, l'Espagne connaissant actuellement un des plus forts taux de croissance de la zone euro.

(Ingrid Melander; Pierre Sérisier pour le service français)