"Une thématique que vous mettez en avant est celle des marchés émergents. En quoi vous distinguez-vous par rapport à vos concurrents ?
Investir sur les marchés émergents nécessite une certaine expertise, une présence locale, une certaine appréhension culturelle. C’est la raison nous avons opté pour une délégation de notre gestion sur ces marchés auprès de professionnels spécialisés.
Nous avons ainsi nous une collaboration avec la société Lloyd George Investment Management pour nous exposer sur la Chine. C’est une société de droit anglais mais qui a des bureaux à Hong Kong. Les salariés sont alors majoritairement d’origine asiatique.
Nous travaillons également avec East Capital pour nous positionner sur la Russie.
Nous pensons que le long terme une telle philosophie de gestion est plus porteuse en termes de génération d’alphas. Les marchés émergents ne sont pas à appréhender de la même manière que les marchés développés. Il ne suffit pas de faire simplement une réplication de stratégie américaine ou européenne appliquée à ces marchés. Pour identifier une bonne valeur de consommation chinoise, il faut connaitre les habitudes des consommateurs chinois.

Votre clientèle est purement franco-française. Ces derniers ont eu jusque là un peu de mal à revenir sur les émergents après les turbulences connues pendant la crise financière. Dénotez-vous un certain retour de l’appétit pour les actions émergentes ?
Le fonds a été lancé le 30 mars 2007. Il fait 95 millions d’euros aujourd’hui. On voit clairement un retour des investisseurs se dessiner. Ceci étant, nous avons surtout pour clients des investisseurs institutionnels. Les règlementations mises en place consécutivement à la crise, notamment les nouvelles dispositions de Solvency II, devraient quelque peu retarder les flux, le temps de bien appréhender leurs implications.

Quelles sont actuellement les principales convictions que vous avez en portefeuille ?
Sur la Chine, la thématique de la santé et des équipements médicaux présente de très intéressantes opportunités. Le plan quinquennal chinois est en ce moment en discussion jusqu’en mars. Il définit les grands axes de la politique économique mise en place par le gouvernement. Est envisagé l’instauration d’un système de couverture sociale un peu à la française. De ce cadre, nous sommes investis sur la société Shangdong qui produit des seringues, des poches pour les transfusions pour les hôpitaux. La société a une part exportatrice importante, d’environ 40%. Elle bénéficie ainsi du développement des infrastructures liées à la santé dans les autres pays de la région.
En Russie, nous avons une forte conviction pour la chaine de supermarchés X5. Il n’y a dans le pays quasiment aucun acteur local. Les grandes chaines qui sont présentes sont Carrefour, Auchan…

X5 se distingue ainsi de par sa dimension et sa nationalité. La chaine intervient sur tous les secteurs du supermarché. Le rythme d’ouverture de magasins est relativement impressionnant. Doivent être ouverts 250 magasins pour 2011. L’essentiel des ouvertures se feront en Russie sur l’ensemble du territoire sur une ligne qui irait de St Petersburg à Moscou.

Une dernière valeur phare est la société Hypermarcas au Brésil. C’est un distributeur de produits de grande consommation, en quelques sortes un concurrent d’Unilever. C’est une franchise un peu récente qui a moins d’une dizaine d’année, mais c’est une franchise qui a une stratégie très agressive de rachat de sociétés concurrentes. Le groupe est ainsi passé devant le groupe L’Oréal.
C’est une société totalement brésilienne de par sa structure. La stratégie a alors tout de suite très bien fonctionné. C’est ce qui leur a permis de gagner des parts de marché et c’est ce qui illustre le fait que l’aspect culturel est fondamental dans ces pays.

Quels vous semblent être les principaux risques à appréhender sur ces valeurs ?
Assez logiquement un ralentissement de la croissance plus fort qu’escompté. Ceci étant nous ne pensons pas du tout que nous seront confrontés à arrêt brutal suffisant pour enrayer totalement les moteurs qui tournent à pleine puissance.
Nous pourrions avoir également un changement d’orientation politique de la par des autorités qui privilégierait un secteur donné plutôt qu’un autre secteur initialement mis en avant. Cependant nous croyons que les pays émergents ont appris de leur erreur du passé et qu’ainsi ils s’inscriront dans une certaine stabilité pour ne pas provoquer de chocs."