ISLAMABAD, 12 mai (Reuters) - Un tribunal pakistanais a ordonné la libération sous caution de l'ancien Premier ministre Imran Khan pour deux semaines, a déclaré son avocat vendredi, après que son arrestation a déclenché des manifestations meurtrières et des confrontations avec l'armée.

L'arrestation, jugée "invalide et illégale" par la Cour suprême jeudi, a provoqué des troubles politiques dans ce pays de 220 millions d'habitants, qui affronte une grave crise économique avec une inflation record et des retards dans le versement de fonds du FMI.

"Ils n'avaient aucune raison de m'arrêter. J'ai été enlevé. Il semble que c'était la loi de la jungle", a déclaré Imran Khan au média britannique The Independent devant la Haute Cour d'Islamabad.

De nombreuses villes du Pakistan ont connu de violentes manifestations après l'arrestation d'Imran Khan par l'agence anti-corruption dans une affaire de fraude foncière mardi.

Ses partisans ont pris d'assaut des bases militaires, incendié un bâtiment de la radiotélévision d'État, cassé des autobus, saccagé le domicile d'un haut responsable de l'armée et attaqué d'autres biens, ce qui a conduit à près de 2.000 arrestations et au déploiement de l'armée.

Au moins huit personnes ont été tuées dans les violences, aggravant l'instabilité du pays et anéantissant les espoirs de reprise d'un plan de sauvetage crucial du FMI.

L'armée, qui reste l'institution la plus puissante du Pakistan, après l'avoir dirigé pendant près de la moitié de ses 75 ans d'existence en tant que pays indépendant, à la faveur notamment de trois coups d'État, a mis en garde contre de nouvelles attaques contre ses biens et a qualifié les violences de "planifiées".

Imran Khan devrait bientôt sortir du tribunal et les membres de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice) s'attendent à ce qu'il prononce un discours après sa remise en liberté, ont fait savoir les médias locaux.

"Nous avons donné des instructions à nos forces sur le terrain pour que les décisions de justice soient respectées et qu'il n'y ait aucune violation de la décision du tribunal", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Rana Sanaullah, après l'annonce de la décision du tribunal.

Imran Khan, âgé de 70 ans, a dû démissionner de son poste de Premier ministre en avril 2022 à la suite d'une motion de censure au Parlement. Il demeure l'homme politique le plus populaire du pays, selon les enquêtes d'opinion. (Reportage d'Asif Shahzad et Ariba Shahid ; rédigé par Shivam Patel ; version française Lina Golovnya, édité par Tangi Salaün)