BUDAPEST (Reuters) - Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a dit mercredi avoir demandé au président russe Vladimir Poutine de mettre en place un cessez-le-feu en Ukraine, tout en marquant ses distances avec les autres pays de l'Union européenne (UE) sur la question des sanctions contre Moscou et du paiement du gaz russe en roubles.

Après son triomphe électoral dimanche, le dirigeant nationaliste hongrois a déclaré avoir proposé, lors d'un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, la tenue de négociations de paix en Hongrie avec le président ukrainien Volodimir Zelensky et les dirigeants français et allemand.

"J'ai suggéré au président Poutine qu'il devrait annoncer un cessez-le-feu sans attendre", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, pendant laquelle il a qualifié la guerre en Ukraine d'"agression" menée par la Russie.

Viktor Orban a ajouté que la réponse du président russe à cette proposition avait été "positive", mais assortie de conditions qu'il n'a pas voulu détailler.

"Je ne peux pas négocier pour que ces conditions soient remplies. C'est à lui et au président ukrainien de s'entendre là-dessus", a-t-il indiqué, assurant que l'entretien avait eu lieu à l'initiative de Vladimir Poutine.

A une question de Reuters sur sa position face aux demandes de la Russie, qui a exigé des pays "inamicaux", dont les 27 membres de l'Union européenne, qu'ils paient désormais leurs importations de gaz en roubles pour soutenir la monnaie russe, Viktor Orban a répondu que cela ne lui poserait pas de problème.

"Nous n'aurons aucun problème à le faire si c'est ce que la Russie veut", a déclaré le Premier ministre hongrois, qui a toujours affiché sa proximité avec Vladimir Poutine.

La Hongrie serait le premier pays à accepter formellement cette exigence du Kremlin, rejetée par le G7 et les autres pays européens, même si le mécanisme mis en place par la Russie, qui prévoit une conversion en roubles sur un compte en banque russe, semble théoriquement permettre de poursuivre les versements en devises.

Viktor Orban, dont le pays dépend très largement du gaz russe pour ses approvisionnements, a par ailleurs répété qu'il ne céderait pas aux pressions des pays de l'UE qui veulent imposer des sanctions au pétrole et au gaz russes.

(Krisztina Than et Anita Komuves, version française Tangi Salaün, édité par Matthieu Protard)