par Rosemarie Francisco et Mark Felsenthal

MANILLE, 28 avril (Reuters) - Le pacte militaire signé lundi par les Etats-Unis et les Philippines n'est pas dirigé contre la Chine, a assuré Barack Obama lors de sa visite à Manille, dernière étape de la tournée du président américain en Asie.

Cet accord, d'une durée initiale de 10 ans, définit le cadre d'une présence renforcée des troupes, de la marine et de l'aviation américaines aux Philippines, plus ancien allié des Etats-Unis dans la région.

Il s'inscrit dans la stratégie américaine de redéploiement des ressources militaires, économiques et diplomatiques des Etats-Unis vers l'Asie-Pacifique.

"L'objectif de cet accord est de développer la capacité des Philippines à participer à des formations, à de la coordination, pas seulement pour traiter des questions de sécurité maritime, mais aussi pour renforcer nos capacités à réagir rapidement en cas de catastrophe naturelle", a dit Barack Obama lors d'une conférence de presse à Manille en compagnie de son homologue philippin Benigno Aquino.

"Notre objectif n'est pas de contrer la Chine, notre objectif n'est pas d'endiguer la Chine. Notre objectif est de garantir que les règles et les normes internationales sont respectées et cela concerne le domaine des disputes maritimes", a ajouté le président américain, qui s'est auparavant rendu au Japon, en Corée du Sud et en Malaisie.

Il a réitéré le soutien de Washington à la décision des Philippines de solliciter un arbitrage international au sujet des contentieux territoriaux en mer de Chine méridionale, importante route maritime soupçonnée d'abriter de vastes ressources énergétiques.

Les Philippines font partie des pays de la région engagés dans des contentieux territoriaux avec la Chine au sujet d'îlots ou d'archipels.

MANOEUVRES

Pékin interprète l'accord américano-philippin comme le signe d'une volonté des Etats-Unis de lutter contre le développement militaire de la Chine et comme un geste de soutien aux revendications territoriales de Manille.

"Dans la mesure où les Philippines sont impliquées dans un conflit territorial avec la Chine, l'initiative est particulièrement troublante, puisqu'elle peut renforcer la position de Manille dans ses relations avec Pékin", écrit l'agence Chine nouvelle.

"Une attitude plus péremptoire ou même plus téméraire de Manille se traduirait par des tensions régionales qui pourraient à leur tour nuire à la politique de rééquilibrage d'Obama", ajoute-t-elle.

Benigno Aquino a pour sa part déclaré que la Chine "ne devrait pas être inquiète" après la conclusion de cet accord. "Nous ne sommes une menace militaire pour aucun pays", a dit le président philippin, en soulignant que son pays avait toutefois des "besoins légitimes" pour défendre ses 36.000 km de littoral.

Les armées américaines et philippines doivent entamer la semaine prochaine des manoeuvres conjointes au nord de la capitale.

Les Etats-Unis ne comptent pas rénover d'anciennes bases militaires ou en construire de nouvelles, a pour sa part insisté Barack Obama, accueilli par 21 coups de canon à son arrivée au palais présidentiel à Manille.

Le pacte conclu lundi ne précise pas les effectifs militaires ni la quantité d'équipements américains qui seront déployés aux Philippines, ont déclaré des responsables. (avec Manny Mogato et Matt Spetalnick, Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey pour le service français)