(Actualisé avec des détails sur les mesures)

par Jeff Mason et Roberta Rampton

WASHINGTON, 5 janvier (Reuters) - La Maison blanche a dévoilé lundi une série de mesures visant à renforcer le contrôle des armes à feu, obligeant notamment un plus grand nombre de vendeurs à obtenir une licence et davantage d'acheteurs à subir une vérification de leurs antécédents.

Barack Obama avait auparavant déclaré qu'il utiliserait son pouvoir réglementaire pour faire passer ses idées lors de sa dernière année au pouvoir.

S'exprimant devant la presse, le président américain a déclaré que son projet serait respectueux de la Constitution américaine et notamment du deuxième amendement qui garantit le droit de porter une arme à feu.

Barack Obama, qui devrait s'exprimer plus en détail sur le sujet à 16h40 GMT ce mardi, a dit que les mesures présentées ne suffiraient pas à prévenir des fusillades meurtrières ni des crimes violents, tout en estimant qu'elles étaient néanmoins susceptibles de sauver des vies.

Selon des responsables de la Maison blanche, le Bureau de l'alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) exigera désormais que les personnes qui vendent des armes dans des magasins, à l'occasion de salons ou via internet soient licenciées et qu'elles procèdent à des vérifications.

"Il s'agit non seulement de recommandations qui rentrent complètement dans le champ de mon autorité légale (...) mais également (de dispositions) qui jouissent du soutien d'une majorité écrasante d'Américains, y compris des propriétaires d'armes", a déclaré Barack Obama lors d'une rencontre avec la ministre de la Justice, Loretta Lynch et d'autres conseillers.

En affichant sa volonté de passer outre un Congrès dominé par des républicains plutôt opposés aux restrictions à la détention des armes, Barack Obama va sans nul doute déclencher une tempête politique à 11 mois de la prochaine élection présidentielle.

Jeudi, le président participera à une émission de télévision sur CNN à 20h00 (vendredi 01h00 GMT) lors de laquelle il s'efforcera de gagner le soutien du public dans un pays où le lobby des armes à feu est très puissant, avant son discours sur l'état de l'Union le 12 janvier.

Barack Obama avait tenté de renforcer les restrictions concernant les armes à feu après la tuerie de l'école primaire Sandy Hook (26 morts dont 20 enfants) à Newtown, dans le Connecticut, en décembre 2012, mais ses projets avaient été bloqués par le Congrès.

Le mois dernier, la fusillade de San Bernardino (14 morts), en Californie, commise par un couple de musulmans radicalisés vraisemblablement inspirés par l'Etat islamique a redonné de l'énergie à l'équipe présidentielle pour tenter à nouveau de légiférer, cette fois par décret.

DICTATEUR

Loretta Lynch a noté que l'administration ne disposait pas d'une estimation du nombre de personnes qui pourraient être concernées par le renforcement du contrôle des armes à feu.

Hillary Clinton, favorite pour l'investiture démocrate en vue de la présidentielle du 8 novembre prochain, a salué le projet de Barack Obama. L'ancienne secrétaire d'Etat a fait savoir qu'elle prendrait elle aussi des décrets sur le contrôle des armes si elle devenait présidente.

Selon un sondage Reuters/Ipsos publié le mois dernier, 65% des personnes interrogées jugent important d'apporter une réponse à la question du contrôle des armes.

Le Center for American Progress (CAP), un cercle de réflexion proche de la Maison blanche, appelle le président à viser ceux qui vendent des armes en grand nombre et qui n'ont pas de licence.

"Il y a énormément d'armes qui changent de mains sans vérification des antécédents de l'acquéreur", commente Chelsea Parsons chez CAP. Et, ajoute-t-elle, le président restera dans la limite de ses pouvoirs exécutifs s'il fait en sorte que le nombre de vendeurs d'armes obligés d'avoir une licence soit élargi.

De fait, certains candidats républicains et notamment Donald Trump, le favori, ont dit qu'ils feraient annuler les mesures de contrôle des armes qui auront été prises par Obama.

"Ce président veut agir comme s'il était un roi, comme s'il était un dictateur", a déclaré le gouverneur du New Jersey Chris Christie, un des candidats à l'investiture républicaine.

"Ce sera à nouveau un décret présidentiel illégal qui sera rejeté par les tribunaux," a-t-il ajouté.

Mais, en utilisant ses pouvoirs réglementaires, le président respectera le deuxième amendement de la constitution américaine qui garantit le droit de porter une arme, confirme John Donohue, professeur de droit à l'université de Stanford.

"Il y a très peu de choses que je dirais avec 100% de certitude sur ce que ferait la Cour suprême et les autres juridictions, mais je suis à 100% certain qu'aucun tribunal ne dira que demander davantage de contrôle des antécédents viole le deuxième amendement", déclare le professeur. (Avec Ayesha Rascoe, Julia Edwards et Robert Laffola; Danielle Rouquié, Nicolas Delame et Benoît Van Overstraeten pour le service français)