par Louis Charbonneau

NATIONS UNIES, 9 janvier (Reuters) - Les négociations sur les modalités d'application de l'accord que l'Iran a conclu avec les grandes puissances concernant son programme nucléaire buttent sur un point lié au développement d'un nouveau modèle de centrifugeuse, a-t-on appris mercredi de sources diplomatiques.

Dans le cadre de cet accord intérimaire conclu le 24 novembre à Genève, l'Iran s'est engagé à limiter sa production d'uranium enrichi moyennant un allégement des sanctions internationales.

La République islamique et le groupe dit "P5+1", qui réunit les membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France) et l'Allemagne, s'efforcent depuis d'en définir les détails. Plusieurs réunions techniques ont eu lieu depuis le 24 novembre et les points en suspens seront à l'ordre du jour des entretiens politiques prévus jeudi et vendredi à Genève.

Parmi eux figure donc celui d'un nouveau type de centrifugeuse que l'Iran souhaite mettre au point, dit-on de sources diplomatiques.

"Cette question a été l'un des principaux obstacles qui ont mis fin aux précédentes discussions techniques, les 19 et 21 décembre", a déclaré à Reuters un diplomate occidental ayant requis l'anonymat.

Plusieurs de ses collègues ont confirmé l'information, soulignant toutefois que les discussions avaient également été ajournées pour les fêtes.

"Dans le cadre de l'accord (du 24 novembre), l'Iran est autorisé à mener des programmes de recherche et développement, mais c'est nuancé par le fait qu'il est interdit d'installer de nouvelles centrifugeuses, hormis pour faire face à l'usure normale", a poursuivi le premier diplomate cité.

CENTRIFUGEUSES PLUS EFFICACES

La porte-parole de la diplomatie américaine Jen Psaki a déclaré que les Etats-Unis étaient impatients de voir l'accord intérimaire mis en oeuvre, mais elle s'est refusée à donner une prédiction sur l'issue des négociations.

Elle a précisé que la sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires politiques Wendy Sherman serait présente à Genève jeudi pour discuter de la question avec son homologue de l'Union européenne Helga Schmid et le négociateur iranien, le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araqchi.

Un ancien responsable américain cité le mois dernier par le site internet spécialisé sur le Proche-Orient Al Monitor a déclaré que l'Iran avait notifié au P5+1 qu'il souhaiter installer des centrifugeuses supplémentaires de type "IR-2m", des versions modifiées de machines de deuxième génération. Le site internet soulignait que ce point avait peut-être avait joué un rôle dans le différend.

Mais aujourd'hui, Téhéran, indique-t-on dans les milieux diplomatiques, a dit au P5+1 qu'il voudrait aller de l'avant avec des centrifugeuses encore plus avancées que les IR-2m.

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est déjà en train de tester plusieurs nouveaux modèles de centrifugeuses, plus efficaces, sur son site de recherche de Natanz.

Dans ses déclarations le mois dernier, l'Iran a reconnu tester une centrifugeuse plus avancée sans dire clairement s'il s'agissait d'un modèle totalement nouveau ou d'une version modifiée d'un système déjà installé.

Côté iranien, on insiste sur la nécessité de ces programmes.

"Nous devons nous assurer que notre droit en matière de recherche et développement est respecté", a souligné un haut fonctionnaire iranien ayant requis l'anonymat.

Si des désaccords persistent, les deux parties ont "vraiment fait des progrès assez importants" lors des dernières discussions, estiment toutefois un diplomate occidental de haut rang.

"Il y a encore quelques questions en suspens, mais nous avons toujours l'intention d'appliquer l'accord intérimaire à partir du 20 janvier. Nous n'y avons pas renoncé", a-t-il ajouté. (Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)