(Bilan actualisé, précisions)

par Dylan Martinez et William James

LONDRES, 4 juin (Reuters) - Une attaque terroriste au véhicule bélier et au couteau a fait sept morts et une cinquantaine de blessés samedi soir dans le quartier de London Bridge, au coeur de la capitale britannique.

Les assaillants, trois hommes, ont été rapidement abattus par la police dans le marché couvert de Borough Market après avoir abandonné leur véhicule puis poignardé des gens au hasard.

Il s'agit de la troisième attaque à caractère terroriste en Grande-Bretagne en moins de trois mois, après celle commise par un homme seul à Westminster le 22 mars (5 morts) et l'attentat suicide à Manchester le 22 mai à la fin d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande (22 morts, 116 blessés).

La double attaque, qui a duré huit minutes, a débuté vers 22h00 à la sortie du London Bridge, sur la rive droite de la Tamise, selon un mode opératoire déjà vu à Nice en juillet dernier sur la Promenade des Anglais ou à Berlin en décembre.

Une camionnette de couleur blanche a foncé sur des piétons en zigzaguant. Ses trois occupants ont ensuite abandonné le véhicule et poignardé des gens dans le marché couvert de Borough Market, zone de restaurants à la mode et de pubs très fréquentés, en particulier le samedi soir.

Les services ambulanciers disent avoir transporté 48 blessés dans cinq hôpitaux londoniens. Selon le maire de Londres, Sadiq Khan, certains des blessés se trouvent dans un état grave.

L'un deux est un ressortissant français, a fait savoir à Paris l'Elysée. Au moins quatre Français ont été blessés.

CAMPAGNE ÉLECTORALE SUSPENDUE

Les trois assaillants portaient de faux gilets explosifs, a déclaré le chef de l'antiterrorisme britannique, Mark Rowley.

La chef de la police métropolitaine de Londres, Cressida Dick, a fourni dimanche un bilan aggravé de sept morts.

Interrogée sur l'identité des assaillants, elle a dit l'ignorer à ce stade. Le périmètre de sécurité déployé autour de London Bridge va être maintenu pour le moment et la station de métro London Bridge reste fermée.

Un témoin a dit à Reuters avoir vu six corps allongés sur le trottoir près du London Bridge. "J'ai immédiatement pensé à l'attaque de Westminster", a-t-il déclaré en décrivant une camionnette qui zigzaguait pour faucher des piétons.

Les agresseurs étaient armés de longs couteaux de cuisine et ils poignardaient les gens au hasard, a raconté un chauffeur de taxi à la BBC. Des clients se sont défendus en leur jetant des tables et des chaises dessus.

Un témoin cité par la chaîne de télévision américaine CNN dit avoir vu deux personnes poignardées dans un restaurant, une serveuse à la gorge, un client dans le dos.

L'attentat est survenu à quatre jours des élections législatives anticipées que Theresa May a convoquées pour se doter, espère-t-elle, d'une majorité parlementaire plus confortable en vue des négociations sur le Brexit.

Le Parti conservateur au pouvoir a annoncé la suspension de sa campagne électorale, comme il l'avait fait après l'attentat de Manchester. Le Parti travailliste, principale force d'opposition, a fait de même, jusqu'à dimanche soir.

Après l'attentat de Manchester, le niveau d'alerte avait été relevé de "sévère" à "critique", son niveau le plus élevé, par crainte d'une nouvelle attaque. Il avait été rabaissé quelques jours plus tard. Un concert en hommage aux victimes devait se tenir dimanche soir à Manchester. Il a été maintenu.

APPEL DE L'ÉTAT ISLAMIQUE

Le maire de Londres a dénoncé une "attaque délibérée et lâche contre des innocents". "Il n'y a aucune justification à de tels actes barbares", a-t-il dit.

Dès l'annonce de l'attaque, les autorités ont demandé aux habitants d'éviter le secteur de London Bridge et de se mettre à l'abri plutôt que de rentrer chez eux. Des dizaines de personnes ont été exfiltrées du quartier, certaines les mains sur la tête.

L'attaque n'a pas été revendiquée mais le groupe Etat islamique a diffusé samedi sur la messagerie cryptée Telegram un message dans lequel il appelle ses partisans à attaquer avec des camions, des couteaux et des armes à feu les "Croisés" pendant le mois sacré de ramadan.

Le président Emmanuel Macron a assuré sur Twitter que la France était "plus que jamais aux côtés du Royaume-Uni". La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait de même, insistant sur la "détermination" requise face au terrorisme.

Le président russe, Vladimir Poutine, a exprimé ses condoléances et estimé nécessaire un renforcement des efforts de la communauté internationale pour "lutter contre les forces de la terreur".

Réagissant lui aussi à cette attaque, avant même qu'elle ne soit terminée, Donald Trump a assuré la Grande-Bretagne de son soutien et appelé ses compatriotes à la vigilance.

Le président américain a noté que pour assurer leur sécurité, les Etats-Unis "ont besoin de l'interdiction de voyage" qu'il a, sans succès, voulu imposer aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane. (Avec Estelle Shirbon et la rédaction de Londres, Tangi Salaün et Gilles Trequesser pour le service français)