(Actualisé avec Valls, § 2-3)

MOSCOU/PARIS, 14 novembre (Reuters) - La France a jusqu'à fin novembre pour livrer le premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie, faute de quoi Moscou formulera d'"importantes réclamations" financières, a rapporté vendredi l'agence de presse russe Ria Novosti, citant une source russe haut placée.

En déplacement à Auxerre, Manuel Valls a réaffirmé que "les conditions n'étaient pas réunies pour la livraison du Mistral" du fait des tensions en Ukraine.

"La France honore ses engagements", a ajouté le Premier ministre français. "Mais la France est une nation (...) qui prend ses décisions de manière souveraine sans que quiconque ne lui dicte sa conduite de l'extérieur."

Le dossier devrait être abordé lors de la rencontre bilatérale prévue ce week-end entre François Hollande et Vladimir Poutine en marge de la réunion du G20 de Brisbane, en Australie.

Paris et Moscou ont conclu un contrat en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, prévoyant la livraison de deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie pour un montant d'environ 1,2 milliard d'euros.

La livraison du premier des deux, le Vladivostok, devait initialement intervenir en octobre, puis en novembre, mais le gouvernement français estime que les conditions "ne sont pas réunies" en raison des tensions persistantes en Ukraine.

La livraison du deuxième navire est prévue pour 2015.

Selon la source russe citée par Ria Novosti, la Russie se prépare "à différents scénarios d'évolution des événements".

"Nous attendrons jusqu'à la fin du mois avant d'émettre nos réclamations", a dit cette source, précisant que les experts examinaient le montant possible du préjudice dû à la non exécution du contrat. "Ce montant ne sera pas tenu secret."

Le porte-parole du groupe français DCNS, qui construit les Mistral, s'est refusé à tout commentaire. "Nous sommes en attente des autorisations gouvernementales d'exportation nécessaires", a-t-il dit. "Nous n'avons toujours aucune date de livraison à ce stade".

La France n'évoque désormais plus d'échéance concernant la livraison du premier bâtiment à Moscou, indiquant simplement que la décision sera prise "le moment venu".

La Russie est accusée par l'Occident d'alimenter les tensions dans l'est de l'Ukraine en fournissant des armes aux rebelles séparatistes pro-Russes, ce que Moscou dément. (Marine Pennetier à Paris et Thomas Grove à Moscou, avec Cyril Altmeyer et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse et Henri-Pierre André)