Zurich (awp) - Le géant de la distribution Migros augmentera en 2023 les rémunérations de ses collaborateurs et collaboratrices dans une fourchette oscillant entre 2% et 2,8%. Une partie de cette hausse peut prendre la forme d'une gratification unique, sous forme de bons d'achat. Les salaires minimaux seront quant à eux de nouveau étoffés de 100 francs suisses d'ici 2024.

Les syndicats Unia et la société Suisse des employés de commerce jugent que les résultats des négociations salariales chez Migros sont "clairement insuffisants", car l'absence de compensation intégrale du renchérissement entraîne une perte de salaire réel pour les bas salaires jusqu'à 5000 francs suisses.

Les économistes prévoient que l'inflation devrait s'inscrire entre 2,8% et 3% en 2022 et osciller de 1,5% à 2,7% l'année prochaine.

"Les membres d'Unia travaillant chez Migros sont particulièrement choqués par le fait que jusqu'à la moitié de ces augmentations peut être distribuée en bons d'achat Migros", indique le syndicat dans un communiqué. Unia souligne que ces bons ne permettent pas de hausse salariale durable, pourtant indispensable dans un secteur essentiellement féminin et où les rémunérations sont inférieures à la moyenne des salaires suisses.

Avec la nouvelle convention collective nationale de travail, les employés du spécialiste du commerce de détail bénéficieront également à partir du 1er janvier 2023 d'au moins 800 francs suisses pour les offres Migros dans les domaines de l'Ecole-club, du fitness et des loisirs ainsi que de modèles de congé parental flexibles, indique Migros mardi un communiqué.

Problématique des bas salaires

A partir de 2024, avec une hausse de 100 francs suisses, le salaire minimum pour les fonctions sans apprentissage préalable sera de 4200 francs suisses. Il passera à 4300 francs suisses pour une fonction nécessitant deux ans d'apprentissage et à 4600 francs suisses pour un poste demandant quatre ans d'apprentissage.

La revalorisation des salaires minimum est l'unique point que les syndicats Unia et Société suisse des employés du commerce saluent.

Cependant, Unia regrette également les différences de salaires entre les régions alors que le groupe vend "les mêmes produits au même prix" dans la toute la Suisse. "Les employés des coopératives Migros du Tessin, de Bâle et du Valais toucheront en 2023 un salaire minimum de 4100 francs suisses, contre 4200 dans d'autres coopératives", critique le syndicat.

Dans le secteur du commerce de détail, près d'un quart des personnes (22,5%) y travaillant sont touchées par la problématique des bas salaires, deux fois plus que la moyenne suisse, rappelle la Société suisse des employés de commerce. Une augmentation des salaires réels aurait justement soulagé les collaborateurs qui vivent avec des revenus particulièrement bas, car touchés de plein fouet par la flambée des frais de la santé et de l'énergie, ajoute le syndicat.

Quant au concurrent Coop, il procédera l'année prochaine à une amélioration des salaires de 2% pour les employés touchant moins de 4500 francs suisses par mois. Les rémunérations supérieures à ce montant seront ajustées individuellement. Par ailleurs, les salariés recevront une carte cadeau dont le montant pourra aller jusqu'à 800 francs suisses, en fonction du taux d'occupation.

La société coopérative Fenaco, propriétaire notamment des enseignes Landi et Volg, prévoit pour sa part une augmentation de la masse salariale de 1,5% couplée à un versement unique plafonné à 800 francs suisses. L'entreprise affirme ainsi procéder à une hausse de 2,6% des salaires pour l'année 2023.

Ces mesures ont été jugées largement insuffisantes par les syndicats, que ce soit pour Coop ou Fenaco.

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