(Actualisé avec porte-parole de May, réactions)

par Estelle Shirbon

LONDRES, 11 janvier (Reuters) - Theresa May a pris mercredi ses distances avec l'idée d'imposer une taxe annuelle de 1.000 livres à l'embauche de tout employé qualifié venant d'un Etat membre de l'Union européenne lorsque la Grande-Bretagne n'en fera plus partie, comme un de ses ministres a semblé le suggérer devant une commission parlementaire.

L'idée avancée par le ministre de l'Immigration, Robert Goodwill, a été critiquée par une importante organisation patronale, l'Institute of Directors (IoD), mais aussi par une partie de l'opposition britannique et par le "monsieur Brexit" du Parlement européen.

Une telle taxe devrait entrer en vigueur en avril pour les expatriés qui ne viennent pas de l'UE et selon Robert Goodwill, Londres envisagerait donc de l'étendre à ceux du bloc.

"Si quelqu'un veut par exemple recruter un programmeur informatique indien pour un contrat de quatre ans, il y aura une taxe de 1.000 livres par an en plus du prix du visa et des coûts administratifs", a-t-il expliqué devant une commission parlementaire.

"Cela s'applique pour le moment aux (expatriés) hors UE. Il se pourrait qu'on nous suggère de l'appliquer aux (expatriés) de l'UE, mais nous ne sommes pour le moment pas vraiment en mesure de spéculer sur l'issue des négociations post-Brexit", a ajouté le ministre.

La porte-parole de Theresa May a assuré que les propos de Robert Goodwill avaient été mal interprétés.

"Il semble qu'il ait été mal compris et ses propos tirés de leur contexte", a-t-elle déclaré à la presse.

"Ce qu'il a dit, c'est qu'il y a un certain nombre de choses que certains pourraient suggérer pour aller de l'avant. A aucun moment il n'a dit que c'est prévu. Ce n'est pas au programme du gouvernement", a insisté la porte-parole de la Première ministre.

En octobre dernier, la ministre de l'Intérieur, Amber Rudd, avait suggéré que les entreprises rendent public leur nombre d'employés étrangers mais cette idée avait rapidement été abandonnée en raison du tollé qu'elle avait suscité.

Le Parti libéral démocrate, qui a participé à la coalition gouvernementale dirigée par les conservateurs entre 2010 et 2015, a jugé "stupide" la nouvelle proposition de Robert Goodwill.

Quant à l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, désigné par le Parlement européen pour négocier le Brexit, il l'a trouvée choquante.

"Imaginez, juste un moment, ce que seraient les gros titres de la presse britannique si l'UE avait fait une telle proposition pour les ressortissants britanniques ?", a-t-il écrit sur son compte Twitter. (Avec Alistair Smout, Ritvik Carvalho, William James et Kylie MacLellan; Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)