Le président du gouvernement, qui prenait la parole samedi lors d'une conférence économique, a ajouté que le pays, durement touché par une longue récession, commençait à voir le bout du tunnel. Il a démenti que l'Espagne soit "à la veille de l'Apocalypse".

"Je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué mais je vous conseille de prêter la plus grande attention aux annonces, mardi, sur le chômage et le nombre de bénéficiaires d'aides sociales."

"Si la tendance observée se confirme, ce sera vraiment encourageant", a-t-il dit.

Le taux de chômage s'établit aujourd'hui à 27,2% en Espagne, où plus d'un jeune de moins de 25 ans sur deux est sans travail.

Les économistes prédisent une nouvelle hausse du chômage cette année en raison de la longue récession qui a déprimé la consommation et gelé les embauches.

Pour Rajoy, le pire de la crise est passé et le chômage est en train de ralentir.

Il a annoncé que son gouvernement conservateur espérait réduire les impôts le plus rapidement possible et pourrait baisser l'impôt sur le revenu en 2015.

"NOUS NE SOMMES PAS À LA VEILLE DE L'APOCALYPSE"

"On ne peut pas alimenter les craintes des gens et être emporté par des raisonnements irrationnels", a ajouté Mariano Rajoy. "Nous ne sommes pas au bord de l'abîme, nous ne sommes pas à la veille de l'Apocalypse. Nous connaissons des turbulences que nous sommes toutefois en mesure de supporter et de surmonter avec succès".

Il a également renouvelé son appel à l'Europe pour qu'elle progresse plus vite vers une union politique et budgétaire nécessaire pour apaiser les marchés financiers et garantir l'avenir de l'euro.

"Nous n'avons pas de croissance parce qu'il n'y a pas de croissance en Europe", a martelé Mariano Rajoy dont le pays est la quatrième économie de la zone euro.

Des manifestations de protestation contre la "troïka" (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) des créanciers des pays de la zone euro en crise ont eu lieu dans la journée à Madrid et dans d'autres pays d'Europe.

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre de Madrid. À Lisbonne, les manifestants étaient environ un millier, et seulement quelques dizaines à Athènes. À Toulouse, dans le sud de la France, la police a dénombré 3.000 manifestants.

A Francfort, siège de la BCE, des heurts avec la police ont eu lieu pour la deuxième journée consécutive. Vendredi, la capitale financière de l'Allemagne avait été paralysée par des manifestants qui ont barré l'accès au siège de la BCE et désorganisé les activités économiques.

La "troïka" est prise pour cible en raison des mesures d'austérité drastiques comportant des coupes budgétaires et des hausses d'impôt douloureuses qui accompagnent ses plans de sauvetage financiers des pays en difficulté.

Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel pour le service français

par Clare Kane