PARIS, 8 janvier (Reuters) - François Hollande a présenté mardi ses voeux aux autorités religieuses, un exercice officiellement "détendu et cordial" qui intervient à cinq jours des manifestations contre le mariage gay et en pleine réminiscence de la guerre scolaire de 1984.

Alors que les représentants des religions monothéistes sont opposés au projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, le président a défendu son engagement de campagne devant les représentants des principales religions.

Ce sujet controversé, sans doute la plus grande réforme sociétale depuis l'abolition de la peine de mort en 1981, n'aurait cependant pas fait l'objet d'échanges entre le chef de l'Etat et ses invités, pas plus que la manifestation de dimanche dont les organisateurs espèrent une forte mobilisation.

"J'irai peut-être saluer les manifestants mais je ne participerai pas à la manifestation", a indiqué à sa sortie de l'Elysée Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France (CEF).

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, a quant à lui démenti l'existence d'un "front" contre le mariage pour tous, regrettant que les médias donnent l'impression "d'une coalition des religieux contre un parti politique ou contre un pouvoir politique".

Selon son entourage, François Hollande est serein par rapport aux manifestations pour lesquelles les organisateurs espèrent mobiliser plusieurs centaines de milliers de personnes.

"On n'a jamais fait des lois en fonction du nombre de manifestations, sinon on ne fait pas de loi", déclarait-on mardi dans l'entourage du chef de l'Etat où l'on minimisait aussi les tensions avec les écoles privées.

La droite accuse le gouvernement d'avoir ravivé la "guerre scolaire" en critiquant l'invitation du secrétaire général de l'enseignement catholique à "prendre des initiatives" autour du mariage homosexuel.

"Cela a braqué ceux qui voulaient bien être braqués", relativise l'Elysée où l'on juge que parler de guerre scolaire "n'a aucun sens politique ni historique".

Le programme législatif de François Hollande comprend d'autres sujets qui pourrait aviver les tensions avec les différentes communautés religieuses comme une possible avancée vers l'euthanasie ou le suicide assisté.

Un projet de loi sur la fin de vie sera présenté en juin prochain à l'Assemblée nationale. (Julien Ponthus, édité par Sophie Louet)