par Edward McAllister

DAKAR, 12 mai (Reuters) - Des soldats appartenant à l'armée régulière malienne épaulés par des combattants non identifiés ont exécuté au moins 500 personnes en mars 2022 au cours d'une opération conduite à Moura, une localité du centre du Mali, rapporte vendredi le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Dans un rapport, il détaille ce qu'il qualifie de pire exaction commise depuis le début du conflit malien, il y a une dizaine d'années.

"Ces révélations sont extrêmement préoccupantes", a commenté Volker Turk, le Haut commissaire aux droits de l'homme.

"Les exécutions sommaires, les viols et les actes de torture commis au cours des conflits armés sont des crimes de guerre et peuvent, dans certains cas, être considérés comme des crimes contre l'humanité", a-t-il souligné.

Contactée par Reuters, la junte qui exerce le pouvoir au Mali n'a pas donné suite aux demandes de commentaires. Elle a par le passé attribué aux insurgés islamistes la paternité des massacres commis à Moura, situé dans le centre du Mali.

Le rapport publié vendredi se fonde sur des entretiens avec des victimes et des témoins ainsi que sur des expertises médico-légales et sur l'exploitation d'images satellites.

Il indique que des soldats maliens accompagnés "d'hommes blancs armés" s'exprimant dans une langue ignorée de la population se sont posés en hélicoptères avant d'ouvrir le feu sur la population qui prenait la fuite.

Pendant cinq jours, ils ont réuni les habitants dont beaucoup ont été abattus et ensevelis dans des fosses.

Le rapport ne vise pas explicitement la milice russe Wagner dont la présence est attestée dans l'ancienne colonie française.

Dans un reportage publié en avril, Reuters rapportait une série de témoignages accusant l'armée gouvernementale et des "mercenaires blancs" d'être responsables de la mort de centaines de personnes à Moura. Certains témoins affirmaient alors que les supplétifs épaulant les soldats réguliers s'exprimaient dans une langue identifiée comme du russe.

(Edward McAllister; version française Nicolas Delame, édité par Jean-Stéphane Brosse)