PARIS, 21 juin (Reuters) - Emmanuel Macron dit ne vas pas voir de successeur légitime à Bachar al Assad dans la situation que connaît actuellement la Syrie, où ses priorités sont la lutte contre les groupes "terroristes" et la stabilité du pays.

Dans un entretien à huit quotidiens européens publié mercredi sur internet, le président français ajoute que : "l’utilisation d’armes chimiques donnera lieu à des répliques, y compris de la France seule."

Sur la Syrie, "le vrai aggiornamento que j’ai fait (...), c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar al Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime !", dit-il.

"Mes lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. (...) Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie. Deux : la stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un Etat failli."

A propos de Donald Trump, Emmanuel Macron déclare que le du président américain "n’a pas encore élaboré le cadre conceptuel de sa politique internationale. Sa politique peut donc être imprévisible et c’est pour le monde une source d’inconfort".

"J’espère qu’on pourra faire en sorte que les Etats-Unis réintègrent l’Accord de Paris. C’est la main que je tends à Donald Trump. Je souhaite qu’il change d’avis. Car tout est lié. On ne peut pas vouloir lutter efficacement contre le terrorisme et ne pas s’engager pour le climat", poursuit-il.

Sur l'Ukraine, le président français déclare qu'une réunion aura lieu en format Normandie (Ukraine, Russie, Allemagne, France) avant le sommet du G20 des 7-8 juillet.

"L’objectif de Vladimir Poutine, c’est de restaurer la Grande Russie, parce que c’est selon lui la condition de survie de son pays. Est-ce qu’il cherche notre affaiblissement ou notre disparition ? Je ne le crois pas", dit-il.

LA PORTE DE L'UE RESTE OUVERTE AUX BRITANNIQUES

Après l'ouverture des négociations lundi sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, il répète que la porte de l’UE reste ouverte aux Britanniques jusqu’à leur sortie mais souligne que, le processus étant engagé, "il est très difficile de revenir en arrière".

A la veille du Conseil européen de jeudi et vendredi à Bruxelles, le président français déplore l'attitude de certains Etat d'Europe de l'Est, dont la politique sur les libertés publiques et l'absence de solidarité face aux crises migratoires sont régulièrement critiquées par les autres Européens.

"Quand j’entends aujourd’hui certains dirigeants européens, ils trahissent", dit-il. "Ils décident d’abandonner les principes, de tourner le dos à l’Europe, d’avoir une approche cynique de l’Union qui servirait à dépenser les crédits sans respecter les valeurs. L’Europe n’est pas un supermarché."

Interrogé sur d’éventuelles sanctions contre ces pays, Macron se dit favorable au "dialogue, mais il doit être suivi de décisions concrètes".

Emmanuel Macron déclare par ailleurs que "la Turquie heurte en ce moment certaines de nos valeurs. Mais elle partage certains de nos intérêts", notamment liés à la guerre en Syrie.

"J’ai un dialogue exigeant et lucide avec le président Erdogan", poursuit-il, jugeant que "compte tenu des positions actuelles de la Turquie, il est évident qu’aller plus loin vers une intégration européenne n’est pas une évolution envisageable. Mais cela n’empêche pas une relation forte et constante."

L'interview a été réalisée par les quotidiens Le Figaro, Le Temps, Le Soir, Süddeutsche Zeitung, The Guardian, Corriere della Sera, El Pais et Gazeta Wyborcza. (Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)