par Mathieu Rosemain

PARIS, 28 avril (Reuters) - Les armes nucléaires de la France devraient faire partie du débat sur la défense européenne, a déclaré Emmanuel Macron dans plusieurs journaux régionaux dimanche, suscitant les critiques des oppositions dans l'Hexagone à l'approche des élections européennes de juin.

Le chef de l'Etat français s'est montré ces derniers temps à l'offensive sur les questions de défense, appelant notamment jeudi à des défenses européennes plus fortes et plus intégrées, tout en exposant sa vision d'une Union européenne plus affirmée sur la scène mondiale.

"Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe aujourd'hui est mortelle: elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix", avait-il alors dit dans un discours fleuve à la Sorbonne.

Dans un entretien organisé par l'EBRA, un groupe de journaux régionaux de l'Est de la France, Emmanuel Macron a déclaré qu'une "défense européenne crédible" devrait aller au-delà de la protection déjà offerte par l'Otan.

"Ça peut signifier déployer des boucliers anti-missile, mais il faut être sûr qu’ils bloquent tous les missiles, et dissuadent de l’utilisation du nucléaire", a-t-il dit.

En ce qui concerne les armes nucléaires, alors que la doctrine de la France a jusqu'à présent été de les utiliser lorsque les intérêts vitaux du pays sont menacés, Emmanuel Macron s'est dit ouvert à l'idée de donner une "dimension européenne" à ces intérêts.

"Je suis pour ouvrir ce débat, qui doit donc inclure la défense anti-missile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine", a-t-il poursuivi.

Les propos d'Emmanuel Macron ont suscité dimanche des critiques de toutes parts en France.

"Macron est en train de devenir un danger national ! #Vivement Le 9 Juin", écrit sur le réseau social X Thierry Mariani, député européen issu du Rassemblement national (RN), faisant référence aux élections européennes.

Pour le député européen Les Républicains (LR) François-Xavier Bellamy, "Cette expression (celle d'Emmanuel Macron) est d'une gravité exceptionnelle".

"Nous touchons au nerf même de la souveraineté française", a-t-il ajouté dans une interview accordée à la station de radio Europe 1.

A gauche, les propos d'Emmanuel Macron ont également provoqués la controverse.

"La dissuasion nucléaire ne se partage pas. Sous couvert de défense du sol européen, #Macron veut liquider l'autonomie stratégique française", écrit sur X Bastien Lachaud, député français de la France Insoumise (FI). (Rédigé par Mathieu Rosemain; version française Claude Chendjou)