Macron s'est promené sur un marché alimentaire dans la ville de Cergy, serrant des mains, discutant avec des jeunes et posant avec eux pour des selfies, dans ce que le palais de l'Elysée a déclaré être une façon de montrer qu'il était "à l'écoute des préoccupations, des attentes et des besoins des gens".

Macron, un centriste, a longtemps été accusé d'être trop distant et élitiste, des accusations qui ont découragé certains électeurs de gauche de le soutenir lors du second tour de scrutin de dimanche contre la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.

"Je veux donner un message de respect et de considération à ces zones qui sont parmi les plus pauvres du pays dès le début de mon nouveau mandat", a déclaré Macron aux journalistes à Cergy, où le candidat d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a remporté près de la moitié des voix au premier tour de l'élection présidentielle.

Selon des sources proches de Macron, il doit contrer le défi lancé par Mélenchon pour les élections législatives des 12 et 19 juin, un obstacle crucial qui déterminera la capacité du président à gouverner pendant les cinq prochaines années.

Quelque 61% des électeurs préfèrent voir une majorité de législateurs opposés à Macron dans la nouvelle assemblée, selon un sondage Elabe pour BFM TV, bien qu'un autre sondage réalisé plus tôt cette semaine ait montré que le président était en passe d'y remporter une majorité absolue.

Mélenchon, qui est arrivé en troisième position au premier tour du vote présidentiel après Macron et Le Pen, veut rallier une union de la gauche pour dominer le parlement et forcer Macron à une "cohabitation" maladroite.

COÛT DE LA VIE

Les pourparlers à cette fin ont semblé progresser mercredi, les porte-parole du parti La France insoumise de Mélenchon et du parti socialiste, l'ancienne force dominante de la gauche dont le candidat à la présidence a été battu, déclarant qu'il ne semblait y avoir "aucune différence infranchissable" sur la voie d'une alliance.

Cela contrastait fortement avec les discussions de l'autre côté du spectre politique, certains membres du parti conservateur Les Républicains (LR) étant tentés par une défection vers le parti de Macron, tandis que d'autres semblaient lorgner vers l'extrême droite.

"Ils sont complètement perdus chez les LR", a déclaré un législateur conservateur à Reuters après une réunion à huis clos mardi.

Les élections parlementaires seront disputées sur des questions qui ont historiquement favorisé la gauche.

Le coût de la vie est apparu comme la priorité numéro un des électeurs pour cette année d'élections, qui coïncide avec de fortes hausses des prix de la nourriture, de l'énergie et de l'essence, en partie causées par les perturbations post-pandémie et par la guerre en Ukraine.

Les responsables des quartiers populaires affirment que les électeurs sont particulièrement en colère contre la hausse des prix des denrées alimentaires de base, notamment le pain, le riz et l'huile de tournesol produite en Ukraine.

"Les produits les plus élémentaires sont maintenant très, très chers", a déclaré Mohammed Djae-Rachid, chef de la communauté locale comorienne, à Reuters TV. "Imaginez ça, une bouteille d'huile de cuisson coûtait un euro, maintenant c'est trois euros. Tous les magasins sont vides, ça devient très difficile pour tout le monde."

À un moment donné, la garde rapprochée de Macron a ouvert un parapluie pour le protéger contre ce qui semblait être une tentative de le bombarder de tomates au cours de ce qui était par ailleurs un bain de foule amical, où les habitants - dont beaucoup sont issus de l'immigration - se bousculaient avec enthousiasme pour prendre des photos d'eux-mêmes avec le président.

À la question de savoir qui il nommerait comme premier ministre, M. Macron a répondu de manière énigmatique : "Je nommerai quelqu'un qui aura à cœur de travailler sur les questions sociales, environnementales et productives."