SYDNEY/PARIS (Reuters) - Le président Emmanuel Macron est arrivé jeudi matin en Nouvelle-Calédonie (mercredi en fin de soirée en France métropolitaine) pour une visite destinée à apaiser les tensions dans l'archipel français du Pacifique, en proie à d'importantes violences depuis plus d'une semaine.

La Nouvelle-Calédonie est secouée par des troubles liés à un projet de réforme de la Constitution, contesté par les indépendantistes kanaks, qui vise à élargir aux personnes résidant depuis dix ans dans l'archipel le corps électoral, lequel est resté figé depuis l'accord de Nouméa de 1998.

Les violences ont fait six morts et engendré d'importantes destructions, tandis que des barrages routiers limitent encore l'accès aux denrées alimentaires et aux médicaments.

Le chef de l'Etat est arrivé jeudi à l'aéroport de La Tontouta de Nouméa aux alentours de 8h30 (mercredi 23h30 heure de Paris).

Il s'est ensuite rendu au Haut-Commissariat de la République où il a observé une minute de silence à la mémoire des personnes mortes dans les violences.

"C'est vraiment avec un esprit constructif, de dialogue, d'apaisement que je suis là devant vous. Mais aussi avec la responsabilité qui est la mienne et donc celle d'essayer de bâtir ce chemin dans un cadre que nous connaissons, que le peuple a choisi", a dit le président dans son propos liminaire devant les élus et acteurs économiques locaux.

Emmanuel Macron a indiqué que les 3.000 forces de sécurité intérieure déployées dans l'île resteraient sur place "aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques" et que "de nouvelles opérations massives seront programmées partout où ce sera nécessaire".

Le chef de l'Etat a par ailleurs appelé à la responsabilité des dirigeants présents.

"Nous sommes en état d'urgence. La situation le justifiait. Je pense pour ma part que cet état d'urgence ne devrait pas être prolongé parce que, je vous l'ai dit, je crois profondément que le dialogue est nécessaire", a-t-il dit.

"Mais j'en appelle à la responsabilité de tous les dirigeants qui sont ici présents, (l'état d'urgence) ne sera levé que si chacun, en sa responsabilité, appelle à lever les barrages."

"TENIR"

Le chef de l'Etat s'est ensuite rendu au commissariat central de Nouméa où il s'est entretenu avec des membres des forces de l'ordre et a rendu hommage aux deux gendarmes tués depuis le début des émeutes.

"Il faut tenir", leur a dit Emmanuel Macron, selon qui personne n'avait vu venir ce "mouvement d'insurrection inédit". "On a des points qui sont difficiles à reprendre mais ils seront repris. Il n'y a aucun apaisement tant qu'il y a cette violence là".

Accompagné des ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et des Armées Sébastien Lecornu, le président a ensuite rencontré un groupe de jeunes calédoniens qui regrettaient l'échec des discussions entre les élus.

"Le troisième référendum a créé de la frustration. On est à la fin d'un processus. Il faut revenir sur un chemin d'avenir", a exhorté Emmanuel Macron.

Alors que la nuit est tombée en Nouvelle-Calédonie, le président a rencontré les élus non-indépendantistes membres de groupes politiques au Congrès et s'entretenait désormais avec les indépendantistes.

LE RETOUR À LA PAIX, UNE PRIORITÉ

Emmanuel Macron avait indiqué à sa descente de l'avion que "le retour à la paix, au calme, à la sécurité" était "la priorité des priorités".

"Je viens ici, moi, avec en tout cas détermination, tout faire pour que nous ayons le retour au calme, avec aussi beaucoup de respect, d'humilité et dans un contexte aussi que nous connaissons en ayant une pensée (...) pour les victimes", avait alors dit le chef de l'Etat à la presse.

Dans son propos liminaire, Emmanuel Macron a appelé à un apaisement "constructif".

"L'apaisement ne peut pas être le retour en arrière. L'apaisement ne peut pas être de ne pas respecter l'expression populaire qui s'est déjà jouée. L'apaisement ne peut pas être de nier en quelque sorte un chemin qui a déjà été fait", a-t-il toutefois estimé.

"Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table", a dit le président avant que les débats ne s'ouvrent à huis clos.

Après les discussions, le sénateur de la Nouvelle-Calédonie Georges Naturel a jugé nécessaire "d'élargir le spectre des gens qui discutent", notamment au monde économique et aux maires "qui ont toujours été mis à l'écart de ces discussions".

(Avec la contribution de Renju Jose à Sydney, Bertrand Boucey, Dominique Vidalon et Michel Rose à Paris ; version française Camille Raynaud et Kate Entringer)

par Kirsty Needham