(Actualisé avec Pologne aux §16-17)

BUCAREST, 24 août (Reuters) - Le président roumain a estimé jeudi que la directive européenne sur le travail détaché devait être améliorée, sans exprimer d'accord clair avec Emmanuel Macron sur la nécessité de le faire d'ici janvier et selon les termes du président français.

Lors d'une conférence de presse au côté de Klaus Iohannis, à Bucarest, Emmanuel Macron s'est montré optimiste quant à la possibilité de conclure sur ce sujet, "particulièrement sensible dans votre pays", avant fin 2017.

"Je suis persuadé, comme nous l’avons évoqué, que nous trouverons un accord d’ici la fin de l’année, je souhaite (...) qu’il puisse l’être dès les rendez-vous ministériels d’octobre", a-t-il dit après une rencontre avec son homologue.

Klaus Iohannis a pour sa part jugé que "la directive n'est pas suffisamment claire et pas suffisamment bonne".

"Il est bien clair qu’il faut améliorer cette directive, il est inacceptable de voir ces mécontentements d’une part en Europe occidentale (...) et, d’autre part, il faut tenir compte du souhait des gens en Europe de l’Est" de pouvoir travailler en France, en Allemagne ou Espagne, a-t-il ajouté.

"Ce que je souhaite et ce que le président Macron souhaite, c'est de faire les choses mieux et plus clairement pour tout le monde, pour avoir une approche correcte, équitable, pour tout le monde", a encore déclaré le président roumain.

Emmanuel Macron a insisté sur le secteur du transport routier, qui, en Roumanie, voit tout durcissement des règles comme une agression.

Il a souligné que les règles du travail détaché ne concernaient que les transporteurs d'un pays faisant appel à des travailleurs d'un autre pays. Les règles pour les transporteurs embauchant des travailleurs de leur pays relèvent d'une seconde directive qui sera discutée par ailleurs, a-t-il expliqué.

SOUTIEN DES TCHÈQUES ET DES SLOVAQUES

Le président français, en tournée en Europe centrale et orientale jusqu'à vendredi, a ajouté qu'il soutiendrait l'entrée de la Roumanie dans l'espace Schengen, une fois que les règles de cet espace auront été rénovées.

La République tchèque et la Slovaquie ont apporté leur soutien mercredi à l'offensive française pour durcir les règles du travail détaché.

Après une réunion de travail avec le président français et les Premiers ministres tchèque et slovaque, le chancelier autrichien a fait état d'un accord entre les quatre pays pour obtenir une révision de la directive en octobre, avec des critères s'approchant des demandes françaises.

"Il y aura trois points essentiels à résoudre. Tout d’abord une durée raisonnable du détachement de longue durée : ça doit être moins que les 24 mois qu’on a proposés au début", a dit Christian Kern.

"Nous sommes tous convaincus que le principe du même salaire pour le même travail doit être respecté" et prêts à accroître la collaboration en matière de contrôle des fraudes, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a promis quant à lui de tout faire, avec la République tchèque, "pour que l'ensemble du groupe de Visegrad se joigne" à leurs positions.

Les deux autres membres du groupe, Pologne et Hongrie, sont réticents à durcir ces règles.

La Première ministre polonaise, Beata Szydlo, a réaffirmé son opposition jeudi.

"Nous ne changerons pas de position. Nous la défendrons jusqu'au bout parce que c'est une position favorable aux intérêts des travailleurs polonais", a-t-elle déclaré à la presse à Varsovie.

Emmanuel Macron a également rencontré le Premier ministre roumain, Mihai Tudose, et devait s'envoler dans la soirée pour Varna, en Bulgarie, où il s'entretiendra vendredi avec le président et le Premier ministre, Roumen Radev et Boïko Borissov.

La France, qui a rejeté en juin le projet de révision de la directive car il n'allait, selon elle, pas assez loin, a quelques semaines pour bâtir des compromis.

La présidence estonienne de l'Union européenne fera une nouvelle proposition en septembre et une réunion ministérielle est prévue fin octobre que la Commission européenne et plusieurs Etats membres souhaitent conclusive.

La France souhaite limiter la durée du travail détaché à 12 mois sur une période de deux ans, et que toutes les périodes comptent.

Elle veut aussi s'assurer que les travailleurs détachés perçoivent tous les éléments de rémunération obligatoires dans le pays d'accueil. Elle souhaite en outre renforcer la lutte contre la fraude et les abus, avec des sanctions effectives. (Jean-Baptiste Vey à Paris, avec Luiza Ilie à Bucarest et Lidia Kelly à Varsovie, édité par Elizabeth Pineau)