* Saint-Martin et Saint-Barth dévastées, des habitants partent

* Des annonces pour préparer l'avenir et redonner confiance

* "L'Etat n'assume pas son rôle", affirme Eric Ciotti

* "Polémique politicienne", répond Edouard Philippe (Actualisé avec déclarations Philippe à l'issue de la réunion à Matignon)

PARIS, 11 septembre (Reuters) - Emmanuel Macron se rendra dans la nuit de lundi à mardi dans la partie française de l'île de Saint-Martin, dévastée la semaine dernière par le passage de l'ouragan Irma, afin d'ouvrir la voie à la reconstruction de ce territoire des Antilles françaises et de l'île de Saint-Barthélémy, elle aussi touchée.

Ce voyage sera aussi l'occasion pour le président français de répondre aux critiques qui se sont élevées depuis dimanche quant à la manière dont le gouvernement s'est préparé à cette catastrophe et a répondu à l'urgence humanitaire et sécuritaire.

"Emmanuel Macron s'y rend à la fois pour montrer la solidarité de la Nation à tous ceux qui sont sinistrés dans les deux îles, Saint-Martin et Saint-Barthélémy, et en Guadeloupe, et également pour s'atteler à la reconstruction des deux îles", dit-on dans son entourage.

Le président sera accompagné des ministres de la Santé, Agnès Buzyn, et de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Ils retrouveront sur place Annick Girardin, ministre des Outre-mer, dépêchée dès mercredi dernier.

Emmanuel Macron doit y faire des annonces pour "préparer l'avenir" de Saint-Martin, a indiqué lundi Gérard Collomb.

"Nous allons reconstruire en matière de santé, en matière d'école, en matière de logements. C'est une nouvelle vie pour l'île", a déclaré le ministre de l'Intérieur, sur France 2.

La situation sur les deux îles a fait l'objet d'une réunion interministérielle lundi après-midi à Matignon, à l'issue de laquelle la nomination d'un délégué interministériel chargé de coordonner la reconstruction a été annoncée.

Dressant un état des lieux cinq jours après le passage d'Irma, le Premier ministre Edouard Philippe a dit espérer une reprise des cours "dans des conditions normales" à la rentrée des vacances de la Toussaint.

S'agissant de la distribution de l'eau, le gouvernement estime que le retour à la normale n'interviendra pas avant "trois mois", a-t-il précisé lors d'un point presse.

"Une très grande incertitude" plane par ailleurs sur l'état des réseaux électriques sur les deux îles, vers lesquelles une cinquantaine de groupes électrogènes sont en cours d'acheminement depuis la Guadeloupe.

"DONNONS DE L'ESPOIR"

Alors que les premières évacuations ont débuté, le gouvernement entend dissuader les habitants de Saint-Martin de quitter l'île.

Selon un bilan provisoire, Irma a fait au moins dix morts, 112 blessés et sept disparus à Saint-Barthélémy et Saint-Martin et y a détruit nombre de bâtiments. Des scènes de violence et de pillage ont suivi le passage de l'ouragan, plongeant un peu plus la population dans le désarroi.

"Donnons de l'espoir à ces gens qui sont peut-être en train de décider s'ils partent ou ne partent pas", a dit la ministre des Outre-mer sur France Inter.

"On a besoin de bras. On a besoin de force, d'ingénierie", a insisté Annick Girardin, avant d'ajouter : "C'est un travail de longue haleine qui va prendre des mois et des mois".

Des membres de l'opposition n'ont pas attendu pour critiquer la gestion de cette crise.

Dimanche, Jean-Luc Mélenchon ou encore Florian Philippot ont réclamé la création d'une commission d'enquête parlementaire, dénonçant un manque de préparation du gouvernement.

"Il y a une défaillance de l'Etat à Saint-Martin et Saint Barthélémy, car le phénomène était attendu. Il y a aujourd'hui, on le constate, un défaut d'anticipation", a ainsi déclaré le député Les Républicains Eric Ciotti, pour qui "l'Etat n'assume pas son rôle".

Dénonçant une "polémique politicienne", Edouard Philippe a critiqué "tous ceux qui s'improvisent experts en gestion de crise ou en logistique exceptionnelle pour faire naître des polémiques qui me semblent aussi inutiles que contre-productives".

"Ils ne rendent service ni aux populations locales ni à ceux qui essaient, par leur travail, par leur engagement de leur venir en secours", a-t-il dit à Matignon, assurant que l'engagement de l'Etat serait "total" et "durable". (Cyril Camu, avec Marine Pennetier et Caroline Paillez, édité par Yves Clarisse)