Actuellement, sa situation  quasi–monopolistique  (9 ordinateurs sur 10 dans le monde tournent avec son système d’exploitation) permet encore à la firme de posséder une rente et maintenir sa trésorerie pléthorique (50 milliards de dollars) ; mais avec des marges qui devraient se réduire dans le temps.
Le segment Windows représente plus d'un quart du chiffre d’affaires mais plus de la moitié du résultat. Sa rentabilité actuelle se réalise en majorité sur le marché des PC qui se restructure à grande vitesse au profit d’autres supports plus mobiles.
 
Le graphique ci-joint indique clairement la léthargie du titre Microsoft en bourse depuis une décennie, qui s’oppose à l’explosion du titre Apple et ses multiples innovations.




                
 

Trop d’échecs sur dix ans

Cette perspective rend évident la nécessité pour la firme au logo aux quatre carrés, de lancer des innovations gagnantes.

L’échec de la version Vista (acronyme de Virtual Immersive Science and Technology Application) en 2007 puis l’initiative manquée avec le système Windows Phone, largement dominé par IOS d’Apple et Android de Google, auront fait perdre de sa notoriété. A ces mauvaises expériences, se rajoutent les loupés de Zune (baladeur) , Kin (le téléphone éphémère ! ) et Soapbox, site de partage vidéos.
Seuls les investissements dans la console de jeux Xbox commencent à porter réellement leurs fruits. De plus, les 8.5 milliards dépensés dans Skype vont permettre au groupe de compenser les initiatives plus ou moins heureuses dans la messagerie instantanée ou dans la téléphonie sur IP.

En 2002, Bill Gates et son équipe avaient pourtant développé une réelle innovation avec la sortie d’une toute première tablette qui a par la suite subi un échec retentissant. Le manager hyper médiatisé avait annoncé, à l'époque, une révolution lors du lancement d’un produit appelé la Tablet PC. Il s’agissait simplement d’une version spéciale de Windows XP. Le raté fut vite mis en évidence : le modèle très couteux (3000 euros) possédait une faible autonomie et une puissance démesurée par rapport à l’utilisation. Tout ce que n’a pas reproduit Apple avec l’ipad qui ne répliquait en rien l’IMac.

Le challenge

Microsoft a décidé de frapper un grand coup avec la sortie récente de sa nouvelle tablette SURFACE, conjointement au lancement de Windows 8. La société incite fortement les utilisateurs à la mise à jour du système d’exploitation grâce à un prix défiant toute concurrence (59 EUR). Réduction des marges, certes, mais aussi la volonté de regagner du terrain sur le marché élargi de la bureautique. La fameuse tablette sort avec cette nouvelle interface pour concurrencer la marque à la pomme. Pour créer un véritable évènement, la firme américaine n‘a pas hésité à imiter son concurrent, en créant un phénomène de rareté au lancement du produit car seul le site internet de la firme en fait la commercialisation.

La sortie s’accompagne par la volonté de développer l’utilisation de « skydrive », le réseau qui stocke les données et qui permet l’interconnexion des appareils exploitant Windows. Néanmoins,  il faudra que la société instaure la confiance auprès des développeurs pour trouver un nombre d’applications suffisant pour attirer les consommateurs de tablettes.
Le véritable challenge de Microsoft se joue sur ces dernières innovations, un nouvel échec ternirait encore plus l’image du groupe, confirmant ses difficultés à s’interposer dans le couple Apple-Google.

Depuis son arrivée au sommet de l’entreprise, il y dix ans, Steve Ballmer n’a pas pu faire décoller le cours de bourse au grand dam des investisseurs. Certes le chiffre d’affaires atteint encore des niveaux record pour cette année avec une rentabilité de 30%. Mais cette tendance peut s’inverser à tout moment dans une entreprise que certains nomment comme vieillissante, à l’image d’IBM,  il y a quelques années. Cette situation se confirme par le départ de beaucoup de ses cadres dirigeants depuis cinq ans.
Si les tablettes constituent un réel tournant dans l’équipement bureautique des consommateurs, Microsoft doit transformer son ultime essai pour éviter de grands changements. En temps de crise, il fut fréquent de voir revenir les anciens dirigeants ; Michael Dell, Steve Jobs et Jerry Young ont fait leur « come back » avec le succès que l’on connaît dans leur entreprise comme Dell, Apple ou Yahoo.

En revanche,  Bill Gates trop occupé par sa fondation ne pourrait certainement pas suivre le même chemin... il faudra alors, trouver d’autres solutions.