RIGA, 7 octobre (Reuters) - La coalition au pouvoir en Lettonie a perdu sa majorité lors des élections législatives organisées samedi, montrent les résultats partiels après 80% des bulletins dépouillés, qui confirment l'installation du parti pro-russe Harmonie donné en tête du scrutin.

Harmonie, crédité de 20% des voix, devrait rester le parti le plus important du pays. Il pourrait ainsi jouer un rôle de pivot dans le prochain paysage politique letton et influencer la ligne du gouvernement à la fois à l'égard de l'Union européenne mais également de l'Otan dont le pays est membre.

Le mécontentement envers la classe politique, considérée comme corrompue et inefficace, a provoqué la désaffection des électeurs vis-à-vis de la coalition sortante, constituée de l'Union des Verts et des paysans, de l'Alliance nationale et du parti Unité.

Selon les résultats partiels, la coalition a perdu plus de la moitié de son électorat, au profit notamment de deux nouveaux venus sur la scène politique, le parti populiste KPV LV et les conservateurs de l'Alliance, qui obtiendraient tous deux environ 14% des suffrages.

Ainsi le KPV LV, qui prône un gouvernement plus efficace constitué de nouvelles têtes, devrait-il s'imposer comme le deuxième parti le plus important de Lettonie.

Les résultats laissent augurer d'un parlement encore plus fragmenté, avec sept partis qui effectueraient un gain à l'issue du scrutin, et de négociations compliquées pour la formation d'une nouvelle coalition.

Les dirigeants du KPV LV ont adressé des messages contradictoires quant à la possibilité de former une coalition avec Harmonie, dont les électeurs appartiennent essentiellement à la minorité russophone du pays, qui représente un quart de la population.

Harmonie, malgré son importance sur l'échiquier politique, n'a jamais été associé à un gouvernement, les partis représentant la majorité de souche lettone voyant d'un mauvais oeil ses bonnes relations avec Moscou.

La Lettonie, ancienne république soviétique, entretient 276 km de frontière avec la Russie et constitue un pays stratégique au moment où les relations entre Moscou et les Occidentaux sont très tendues.

L'Otan a déployé un millier d'hommes dans le pays.

Harmonie, qui veut maintenir le pays dans l'Union européenne et dans l'Otan, souhaite dans le même temps améliorer les relations économiques avec la Russie et n'a renoncé que l'an dernier à son accord de coopération avec Russie unie, le parti politique du président Vladimir Poutine. (Johan Ahlander et Gederts Gelzis; Jean Terzian pour le service français)